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souvenirs d’une actrice.

société si futile, et s’abattre sur la tête de ces faibles femmes comme un vautour sur de pauvres colombes.

Elles furent bientôt dispersées dans des contrées différentes ; elles y montrèrent, pendant long-temps encore, ce goût du luxe indolent de la brillante société parisienne. Mais l’émigration qui les avait ruinées les força bientôt à réfléchir plus mûrement. Le malheur donne expérience et courage à ceux qui savent le supporter noblement ; elles se retrempèrent à son école. Parmi les dames émigrées, celles qui avaient profité tant bien que mal de l’éducation qu’elles avaient reçue, des talents d’agrément qu’elles n’avaient fait qu’effleurer, cherchèrent à les perfectionner pour les transmettre à des élèves. Accueillies avec bonté dans les pays étrangers, elles y portèrent cette fleur de bon goût, d’urbanité, de politesse, qui a toujours distingué les Françaises. Forcées de recourir au travail ou aux arts, elles s’en firent un honorable moyen d’existence pour elles et pour leur famille. On les vit maîtresses de langue, de piano, de chant, de harpe, de guitare,