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Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice.djvu/132

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souvenirs d’une actrice.

Madame de la Tour-du-Pin, femme jeune, jolie et riche, habituée à tout le luxe du grand monde, à toutes les aisances de la vie élégante, était fermière aux États-Unis ; elle allait, couverte d’un grand chapeau de paille, et montée sur son âne, vendre ses fruits, son beurre et ses fromages à la crème qui avaient une grande renommée ; c’est ainsi qu’elle apparut à M. de Talleyrand. Et l’on n’a pas oublié le charmant épisode que lui a consacré l’abbé Delille dans son poëme de la Pitié. La plupart des femmes ont supporté noblement et sans se plaindre ce temps d’infortune. Quelques-unes ont montré, dans la Vendée, un courage au-dessus de leur sexe, et cela depuis madame de la Rochejacquelin, jusqu’à l’héroïne de Mitié ; cette mère qui ayant placé un baril de poudre au milieu de sa chaumière, s’entoura de ses enfants, et, armée d’un pistolet, fit reculer les soldats qui voulaient pénétrer dans son asile.

La frivolité peut être dans l’esprit sans attaquer le cœur ni détruire l’énergie. Nos brillants colonels parfumés, qui s’établissaient devant un métier de tapisserie et découpaient des oiseaux et des clochers