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souvenirs d’une actrice.

« Les journaux, madame, vous donneront assez de détails pour que vous puissiez vous passer des miens ; d’ailleurs je ne pourrais vous en parler comme témoin oculaire, car je n’y ai pas assisté. Ces fêtes ne me tentent pas, et la foule me fait peur. Il a fait toute la journée une pluie horrible : voilà ce que je sais.

« Je ne vous entretiendrai donc que de la fête qui a été donnée chez Mirabeau aux Fédérés Marseillais. J’y ai joué dans une pièce faite pour la circonstance ; mais ce qui m’a le plus étonnée dans cette solennité, ce n’est pas de m’y voir, comme le doge de Venise, c’est Mirabeau auquel je parlais pour la première fois ; et, malgré toute votre humeur contre lui[1], je vous en demande bien pardon, mais je l’ai trouvé charmant. Quelle grâce, quelle expression sur cette figure repoussante au premier abord ! que d’esprit répandu sur toute sa personne ! Je ne suis plus surprise qu’il ait inspiré une si grande passion à Sophie[2].

  1. Madame Lemoine ne pouvait souffrir Mirabeau, mais elle aimait beaucoup son frère.
  2. On venait de publier les Lettres à Sophie.