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souvenirs d’une actrice.

aller demain au Ranelagh : êtes-vous bien sûre d’y aller ?

— Je voudrais bien savoir ce qui pourrait m’en empêcher ?

— Le mauvais temps peut-être.

On apporta le souper. Mon mari prit Michot à part et se remit à son bureau ; il ne voulut pas venir à table, quoiqu’on lui fît observer qu’il devait passer la nuit. J’entre dans ces petits détails pour faire voir que, lorsque notre pauvre esprit n’est pas sur la voie de ce qui peut nous donner des appréhensions, nous ne devinons rien : il arrive même quelquefois que nous ne sommes jamais plus gais que lorsqu’un grand malheur nous menace à notre insu ; tandis que, si nous craignons un mal souvent imaginaire, tout ce qui y a rapport nous semble un pressentiment.

Michot se mit à table à côté de moi et me raconta mille folies, que sa manière de dire rendait encore plus comiques. Je crois n’avoir jamais tant ri ; je ne m’aperçus pas le moins du monde des chu-