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Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/152

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par une grotte de glace. De là, il descend vers Genève. Vous rappelez-vous ce beau lac de Genève que nous avons vu ensemble du haut du Jura ?

— Oh ! oui, monsieur Gertal, je me le rappelle, dit Julien ; les Alpes l’entourent comme de grandes forteresses, et tout au loin on aperçoit le haut du mont Blanc.

— Eh bien, le Rhône entre par un bout du lac et le traverse tout entier ; mais le Rhône a un cours si rapide qu’il ne mêle point ses eaux à celles du lac. On le voit qui dessine au travers un large ruban de seize lieues de long. Puis il sort du lac, entre en France par le département de l’Ain et arrive jusqu’ici sans s’attarder en route, car c’est le plus impétueux de nos fleuves. Seulement, aux premières journées du printemps, quand les neiges fondent sur toutes les montagnes à la fois et que les torrents se précipitent de toutes parts, il reçoit tant d’eau que son vaste lit ne peut plus la contenir. Aussi la ville de Lyon a-t-elle été bien souvent ravagée par les inondations ; d’autant plus que la Saône se met souvent aussi à déborder. En 1856, tous les quartiers qui avoisinent le Rhône ont été couverts d’eau et dévastés. Des maisons pauvres et mal bâties étaient emportées par le fleuve, et leurs habitants périssaient dans les eaux, ou, si l’on parvenait à les sauver, ils se trouvaient sans abri et réduits à la dernière misère.

— Oh ! dit Julien, ceux qui habitent près de ce fleuve doivent avoir peur quand ils le voient grossir. À Phalsbourg, c’est bien plus commode : on n’a point du tout à craindre d’inondation, car on est sur une colline, bien loin de la rivière.

On sourit de la réflexion du petit Julien.

Bientôt on arriva à la maison où l’on devait passer la nuit, et Julien s’endormit en voyant encore en rêve la grande ville, ses longs quais, ses ponts et son fleuve bruyant.



LXIII. — Les fatigues de Julien. — La position de Lyon et son importance. — Les tisserands et les soieries.


L’industrie des habitants fait la prospérité des villes.


— Oh ! monsieur Gertal, quelle grande ville que ce Lyon ! s’écria le petit Julien, qui n’en pouvait plus de fatigue un matin qu’il revenait de porter un paquet chez un client. J’ai