— Tiens ! dit l’enfant, l’étrange chose ! Pourquoi donc cueille-t-on les feuilles de ces beaux arbres ? Serait-ce pour donner à manger aux vaches ?
— Mais non, Julien ; réfléchis, tu vas trouver ce que l’on veut faire quand tu sauras que ce sont là des mûriers.
— Des mûriers ?… reprit Julien. Oh ! mais oui, je sais à présent. On nourrit les vers à soie avec les feuilles de mûrier.
— Justement, dit André. C’est dans la vallée du Rhône, dans le Dauphiné et dans le Languedoc, qu’on élève les vers, pour tisser plus tard leur soie à Lyon et à Saint-Étienne. Comme nous suivrons le Rhône à travers le Dauphiné et la Provence jusqu’à Marseille, nous verrons dans la campagne des mûriers presque tout le temps.
— Et ce sont les vers à soie qui mangent ces sacs de feuilles ? Mon Dieu, faut-il qu’il y en ait de ces vers !
— Il s’est trouvé des années, m’a dit M. Gertal, où on a récolté dans la vallée du Rhône jusqu’à vingt-huit millions de kilogrammes de cocons de soie ; et un cocon, qui est le travail d’un seul ver, pèse si peu, qu’il