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Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/186

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— Oh ! monsieur, dirent à la fois les deux enfants, depuis si longtemps nous désirons la voir ! Nous n’avons pas pu encore aller sur le port depuis que nous sommes à Marseille, car nous sommes venus droit chez vous ; mais je vous réponds que nous n’aurons pas peur de la mer.

— A la bonne heure, reprit le marin. Eh bien, mon bateau vous mènera à Cette, un joli port du département de l’Hérault : je mets à la voile après-demain. Une fois à Cette, j’interrogerai les uns et les autres sur Volden : nous autres mariniers nous nous connaissons tous, et déjà, à mon dernier voyage, j’avais chargé un camarade qui partait vers Bordeaux par le canal du Midi de prendre des informations sur l’adresse de Volden. Nous aurons donc, je l’espère, des nouvelles de votre oncle à Cette. Aussitôt on le préviendra de votre arrivée, et je vous confierai à un marinier qui vous conduira par le canal jusqu’à Bordeaux.

— Mais, monsieur, dit le petit Julien, les bateaux, ce sera peut-être encore trop cher pour notre bourse.

— Mon petit homme, vous avez un frère courageux qui ne craint point le travail : j’ai vu cela sur ses certificats. S’il veut faire comme je lui dirai et nous aider à charger ou décharger nos marchandises, non seulement le bateau ne lui coûtera rien, mais il gagnera votre nourriture à tous les deux et quelques pièces de cinq francs le long du chemin. Il aura du mal, c’est vrai, mais ici-bas rien sans peine.

— Comment donc ! s’écria André avec joie, je ne demande qu’à travailler. C’est ainsi que nous avons fait avec M. Gertal depuis Besançon jusqu’à Valence.

— Mon Dieu, fit Julien, quel malheur que je ne puisse marcher ! J’aurais fait les commissions, moi aussi, comme je faisais pour M. Gertal, et même je sais vendre un peu au besoin, allez, monsieur Jérôme.

Le patron Jérôme sourit à l’enfant :

— Vous avez raison, petit Julien, répondit-il, d’aimer à vous rendre utile ; faites toujours ainsi, mon enfant. Dans la famille, voyez-vous, quand tout le monde travaille, la moisson arrive et personne ne pâtit. Mais en ce moment il ne faut songer qu’au repos, afin de vous guérir au plus vite.

Pendant qu’André et Julien remerciaient Jérôme, sa femme se mit à préparer pour les enfants l’ancienne chambre où