Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/188

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mon goût. Ce serait si bon d’avoir un champ à cultiver, des vaches à soigner : Oh ! André, je traverserais toutes les mers du monde rien que pour cela.

André sourit à l’enfant. — Allons, dit-il, je vois que mon Julien a la vocation de la culture, et que l’oncle Frantz et lui feront vite une paire d’amis. En attendant, il faut se reposer, afin d’avoir bien des forces pour le voyage.

La nuit venue, avant de s’endormir, Julien dit à André :

— Nous allons remercier Dieu de tout notre cœur.

— Et aussi, ajouta André, lui demander la persévérance, afin de ne plus nous décourager à chaque traverse nouvelle, afin d’apprendre à être toujours contents de notre sort.

Et joignant les mains en face du ciel étoilé que reflétait la mer, les deux orphelins firent à haute voix la prière du soir.



LXXVI. — Promenade au port de Marseille. — Visite à un grand paquebot. — Les cabines des passagers, les hamacs des matelots ; les étables, la cuisine, la salle à manger du navire.


La première embarcation des hommes a été un tronc d’arbre. Que de progrès accomplis depuis ce jour ! Le simple tronc d’arbre est devenu une vraie ville flottante.


Dès le lendemain, André commença à se rendre utile au patron, voulant le dédommager de la nourriture et du coucher qu’il leur donnait. Le jeune garçon descendit donc de bonne heure, vêtu de ses habits de travail, et suivit le marin au port, où l’on devait achever le chargement du bateau.

Le bateau de Jérôme faisait le petit cabotage de la Méditerranée, c’est-à-dire la navigation sur les côtes, transportant d’un port à l’autre les marchandises. En ce moment, c’était un chargement de sapins du nord, qu’il s’agissait de transporter à Cette pour faire des mâts de navire. André aida de tout son courage au chargement.

Le petit Julien, resté à la maison, gardait les enfants de la femme du marin, pendant que celle-ci, profitant de cette aide, était allée laver un gros paquet de linge.

À l’heure du dîner, André mangea rapidement, puis il prit Julien dans ses bras : — Comme tu dois t’ennuyer immobile ainsi ! lui dit-il. J’ai une bonne heure de repos devant moi, et je vais en profiter pour te montrer quelque chose de bien intéressant. Nous allons voir le port et les grands navires