Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/195

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s’appellent ces montagnes qui ondulent, là-bas, à droite ?

— Ce sont les montagnes qui entourent Toulon, répondit le père Jérôme. Toulon est là-bas tout au fond. Voilà encore un port superbe ! Seulement ce ne sont plus guère des navires de commerce qui s’y abritent, comme à Marseille : ce sont des vaisseaux de guerre, car Toulon est notre grand port de guerre sur la Méditerranée. Les navires de guerre ne sont pas moins curieux à voir que les paquebots de passagers. Là, tout est bardé de cuivre ou de fer, tout est cuirassé pour résister aux boulets ennemis, et, de chaque côté du pont, on voit les gueules menaçantes des canons.

— C’est dommage que nous ne passions pas par Toulon.

— Merci, petit ! cela allongerait un peu trop notre route. Nous allons tout droit à Cette sans perdre de temps.

Le bateau allait vite en effet, et parfois la poussière humide des vagues arrivait jusque sur la figure de Julien. Celui-ci voyait toujours se succéder devant lui les côtes et les golfes de Provence, bordés de montagnes.

UN VAISSEAU CUIRASSÉ. — On appelle de ce nom des vaisseaux tout entourés d’une épaisse cuirasse de fer sur laquelle les boulets glissent sans pouvoir s’enfoncer : ce sont comme des forteresses flottant sur l’eau. Les vaisseaux de premier rang ont 3 ponts et 120 canons. Notre flotte française, la plus forte après celle de l’Angleterre, compte 50 vaisseaux à vapeur cuirassés et en tout 550 bâtiments de guerre environ.


— Quelle superbe contrée, disait le patron Jérôme, que cette Provence toute couverte d’oliviers, de pins et d’herbes odorantes ! C’est mon pays, ajouta-t-il, fièrement, et vois-tu, petit, à mon avis, c’est le plus beau du monde.

— Patron, dit l’un des marins, le lieu où l’on est né est toujours le premier du monde. Ainsi, moi qui vous parle, je ne connais rien qui me rie au cœur comme le joli comté de Nice ; car je suis né là sur la côte, dans une petite maison entourée d’orangers et de citronniers qui toute l’année sont couverts de fleurs et de fruits. Ma mère était sans cesse oc-