Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/196

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cupée à cueillir les citrons ou les oranges pour les porter à Nice sur sa tête dans une grande corbeille. Nulle part je ne vois rien qui me paraisse charmant comme nos bois toujours verts d’orangers, de citronniers et d’oliviers, qui descendent des hauteurs de la montagne jusqu’au bord de la mer. Tout vient si bien dans notre chaud pays ! Il y a autant de fleurs en hiver qu’au printemps ; pendant que la neige couvre les contrées du nord, les étrangers malades viennent chercher chez nous le soleil et la santé.

BOIS D’ORANGERS AUX ENVIRONS DE NICE. — L’oranger, ce bel arbre aux fleurs si suaves et aux fruits d’or, fut apporté dans nos pays pendant les croisades. — Ses fruits mûrissent au printemps. Il ne peut vivre en pleine terre que sous les chauds climats de la Provence, du comté de Nice et du Roussillon.

— Et la Corse, donc, s’écria l’autre marin. Quel pays, quelle fertilité ! Elle a en raccourci tous les climats. Sur la côte, du côté d’Ajaccio, c’est la douceur du midi ; notre campagne est pleine aussi d’orangers, de lauriers et de myrtes, comme votre pays de Nice, camarade. Nos oliviers sont dix fois hauts comme ceux de votre Provence, patron. Et le cotonnier, le palmier peuvent croître chez nous comme en Algérie. Cela n’empêche pas qu’on trouve sur nos hautes montagnes neuf mois d’hiver, de neige et de glace, et de grands pins qui se moquent de l’avalanche.

— Oui, dit le patron ; mais vous n’avez pas de bras chez vous ; la Corse est dépeuplée et vos terres sont incultes.

— Patron, c’est vrai. Nous tenons plus volontiers un fusil que la charrue. Mais patience, nos enfants s’instruiront, et ils comprendront alors le parti qu’ils peuvent tirer des richesses du sol. En attendant, la France nous doit le plus habile capitaine du monde, Napoléon Ier.

— Eh bien, moi, dit le petit Julien qui était content aussi de donner son avis, je vous assure que la Lorraine vaut