Aller au contenu

Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Dur ou non, mon enfant, un honnête homme n’a qu’une parole ; s’il l’a donnée, tant pis pour lui, il ne la reprend pas ; autrement ce n’est plus un honnête homme. Dis-moi, Julien, si j’avais écrit sur un papier : « Je m’engage à vous suivre, capitaine », les mots seraient restés après l’héritage comme avant, n’est-ce pas ? Et si j’avais manqué à mon engagement, il aurait suffi à chacun de jeter les yeux sur l’écriture pour penser : — « Guillaume trahit sa parole. » Eh bien, parce qu’il n’y avait pas de papier pour dire cela, t’imagines-tu, Julien, que ma conscience ne me le disait pas ?

Le père Guillaume se redressa tout droit, et il regarda le petit garçon fièrement ; ses yeux limpides brillaient et semblaient dire : « Guillaume ne sait pas mentir, petit Julien ; sa parole vaut de l’or, et quand tous ses cheveux, l’un après l’autre, seront devenus blancs, quand Guillaume sera un vieillard bien vieux, il se redressera encore avec la même fierté, car il pourra dire : — Mon visage a changé, mais mon cœur est toujours le même. »

Alors Julien se sentit rougir d’avoir un instant pensé autrement que le vieux matelot. Il s’approcha doucement, baissant les yeux, et lui dit :

— Père Guillaume, j’ai compris ; et moi aussi, je ne veux jamais ni mentir ni manquer à mes promesses.



XCIII. — La Bretagne et ses grands hommes. — Un des défenseurs de la France pendant la guerre de Cent ans : Duguesclin. — Le tournoi et la première victoire de Duguesclin. — Sa captivité et sa rançon. Sa mort.


« En temps de guerre, les gens d’Église, les femmes, les enfants et le pauvre peuple ne sont pas des ennemis. Ils doivent être sacrés pour l’homme de guerre. » DUGUESCLIN.


Un jour que Frantz était assis sur un tas de cordages à côté du vieux pilote, Julien s’approcha, son livre à la main.

— Qu’est-ce que tu lis là, petit ? demanda l’oncle Frantz.

— Mon oncle, je lis ce qu’il y a dans mon livre sur la Bretagne et sur ses grands hommes ; nous sommes justement encore en face des côtes de la Bretagne, et il me semble que c’est un beau pays.

— Certes, dit l’oncle Frantz ; mais voyons, lis tout haut.

— Et lis bien, ajouta le père Guillaume, nous t’écoutons.


La Bretagne a donné à la France beaucoup d’hommes vaillants ; parmi eux on remarque Duguesclin.