— Mais, père Guillaume, dit l’enfant en déployant toutes ces richesses, est-ce que c’est possible que ce soit pour moi, tout cela ! D’où vient cette belle caisse ? Et André qui en a autant ! et mon oncle aussi, et vous aussi ! Qu’est-ce que cela veut dire ?
— Petit Julien, répondit le père Guillaume, ravi de la bonne surprise qui épanouissait tous les visages, c’est le cadeau d’adieu de notre capitaine. Il a fait dresser avec moi, comme la loi l’y obligeait, le procès-verbal du naufrage du navire : le Poitou était assuré avec toute sa cargaison et le capitaine ne perdra rien : il a trouvé juste que nous ne perdions rien aussi, et il nous envoie ces vêtements en échange de ceux qui ont coulé avec le navire. En même temps, il a ajouté le paiement promis à chacun de nous pour la traversée. Volden, voici tes cinquante francs ; André, en voici trente, et toi, Julien, voici un carton d’écolier tout neuf pour te récompenser d’avoir été courageux en mer comme un petit homme.
Julien ne se possédait pas d’aise. Cette caisse à son adresse, c’était le premier meuble qu’il eût possédé :
— Mon oncle, disait-il en sautant de plaisir, voyez donc, nous avons maintenant un mobilier : c’est comme si nous possédions chacun une armoire !
Tout d’un coup, il s’interrompit pour pousser une nouvelle exclamation de surprise :