Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/32

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vous avez tant envie d’être utiles, dit la fermière lorraine aux deux orphelins, je vais vous occuper à présent. Vous, André, je vous prie, surveillez mes enfants : ils arrivent de la classe, et ils ont leurs devoirs à faire. Pendant que vous me remplacerez auprès d’eux, Julien va venir avec moi : nous soignerons la vache et nous ferons le beurre pour le marché de demain.

— Oui, oui, dit le petit garçon ; et il sautait de plaisir à l’idée de voir la vache, car il aimait beaucoup les animaux.

— Prenez ce petit banc en bois et cette tasse, lui dit la fermière ; moi, j’emporte mon chaudron pour traire la vache.

Julien prit le banc, et arriva tout sautant à l’étable.

— Oh ! s’écria-t-il en entrant, qu’elle est jolie cette petite vache noire, avec ses taches blanches sur le front et sur le dos ! Comme son poil est lustré et ses cornes brillantes ! Et quels grands yeux aimables elle a ! Je voudrais bien savoir comment elle se nomme.

— Nous l’appelons Bretonne, dit la fermière en atteignant une botte de ce foin aromatique qu’on recueille dans les montagnes, et qui donne au lait un goût si parfumé ; elle y ajouta de la paille.

— Tenez, Julien, dit-elle, portez-lui cela ; elle est douce parce que nous l’avons toujours traitée doucement ; elle ne vous fera pas de mal.

Julien prit le fourrage et l’étala devant le râtelier de Bretonne ; pendant ce temps la fermière s’était assise sur le petit banc, son chaudron à ses pieds, et elle commençait à traire la vache. Le lait tombait, blanc et écumeux, dans le chaudron en fer battu, brillant comme de l’argent.

— Julien, dit la fermière, apportez votre tasse ; je veux que vous me disiez si le lait de Bretonne est à votre gré.

L’enfant tendit sa tasse, et quand elle fut remplie, il la vida sans se faire prier. — Que cela est bon, le lait tout chaud et frais tiré ! dit-il. Voilà la première fois que j’en goûte.

— Puisque vous êtes content du lait de Bretonne, cherchez dans la poche de mon tablier, dit la veuve sans s’interrompre de sa besogne ; ne trouvez-vous pas une poignée de sel, Julien ?

— Oui, que faut-il donc en faire ?

— Prenez-le dans votre main, et présentez-le à Bretonne, vous lui ferez grand plaisir.