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sont placées tout en haut et donnent de l’air aux bêtes sans les exposer au froid. Certes, Bretonne est bien logée.

— Pourquoi l’appelle-t-on Bretonne ? dit Julien, qui s’intéressait de plus en plus à la bonne vache.

— C’est qu’elle est de race bretonne en effet, dit la fermière en se levant, car elle avait fini de la traire. La Bretagne est bien loin, mais cette bonne petite race est répandue par toute la France. Voyez, Bretonne n’est pas grande ; aussi elle n’est pas coûteuse à nourrir, et nous, qui ne sommes pas riches, nous avons besoin de ne pas trop dépenser. Son lait contient aussi plus de beurre que celui des autres races, et j’ai des pratiques qui me prennent tout le beurre que je fais. Et puis, la race bretonne est robuste, très utile dans les pays montagneux ; au besoin je puis faire travailler ma petite vache sans qu’elle en souffre. Elle sait labourer ou traîner un char avec courage.

— Bonne Bretonne ! dit Julien en caressant une dernière fois la vache.

L’enfant prit le petit banc, et tandis que la laitière emportait le lourd chaudron de lait, on se dirigea vers la laiterie.



XV. — Une visite à la laiterie. — La crème. — Le beurre. — Ce qu’une vache fournit de beurre par jour.


Un bon agriculteur doit se rendre compte de ce que chaque chose lui coûte et lui rapporte.


— Quel joli plancher, propre et bien carrelé ! dit Julien en entrant dans la laiterie. Tiens, les fenêtres et toutes les ouvertures sont garnies d’un treillis de fer, comme une prison ; pourquoi donc, madame ?

— C’est pour que les mouches, les rats et les souris ne puissent entrer. Avant les malheurs de la guerre nous étions plus à l’aise : j’avais six vaches au lieu d’une, je faisais beaucoup de beurre ; aussi ma laiterie comme mon étable est soigneusement installée. Voyez, ce carrelage dont elle est recouverte permet de la laver à grande eau, et cette eau s’écoule par les rigoles que voici. Il faut au lait une grande propreté, et tout doit reluire chez une fermière qui sait son métier.

— Comme il fait frais ici ! reprit Julien en s’avançant dans la salle un peu sombre, autour de laquelle étaient rangées des jattes de lait.

— Mon enfant, il faut qu’il fasse frais dans une laiterie.