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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, ix.

tractent nécessairement des affections opposées ; elles se remplissent prématurément de lait quand le fœtus est débile, et après s’atrophient par suite des besoins des matrices. Aussi Hippocrate (Aph. V, 52 ; cf. V, 39) a-t-il dit : « Chez une femme enceinte, si beaucoup de lait coule des mamelles, c’est une preuve que le fœtus est faible. » En effet tout le sang superflu laissé dans les veines par le fœtus remonte alors aux mamelles ; ce fœtus ne pouvant, vu sa faiblesse, attirer à lui une quantité d’aliments suffisante. Quand Hippocrate dit encore (Aph. V ; 37) : « Une femme enceinte dont les mamelles s’affaissent subitement, avortera, » il faut entendre dans ce cas-là que le fœtus est fort, mais qu’il n’a pas une nourriture abondante ; il commence donc par tirer le sang des veines communes aux matrices, ce qui dessèche les mamelles, et la femme ne tarde guère à avorter par manque absolu de nourriture pour le fœtus. Mais toutes ces questions sont des problèmes physiques (cf. t. I, p. 522, note 1) que nous avons dû traiter à cause d’une certaine parenté avec le sujet que nous nous proposons d’étudier. Le but même de nos explications était de faire connaître l’utilité des rapports qui existent entre les mamelles et les matrices, et l’utilité des vaisseaux venus du rein du même côté pour se rendre au testicule gauche et à la mamelle gauche. La nature a imaginé toutes ces dispositions, préparant aux fœtus un principe double de génération, afin que parmi eux il s’en trouvât de mâles et de femelles. Telle est la réalité de ces faits.


Chapitre ix. — De la cause organique et matérielle du plaisir qui accompagne l’acte vénérien, et du désir immodéré qui y convie les animaux. — Cette cause réside dans l’humeur séreuse et mordicante que les vaisseaux du côté gauche (voy. chap. vii) versent dans les organes génitaux, dans un pneuma abondant et chaud qui cherche à s’exhaler, dans le liquide prostatique, enfin dans le sperme lui-même.


Pourquoi une très-vive jouissance est-elle attachée à l’usage des parties génitales, pourquoi chez tous les animaux arrivés à la vigueur de l’âge cet usage est-il précédé d’un désir furieux[1] ? C’est ce que nous allons dire. Nous ne recherchons pas la cause, pre-

  1. Platon, dans le Timée, p. 91 b-c, se sert d’une expression en tout semblable ; il présente les organes génitaux de l’homme comme des animaux privés de raison et furieux quant ils sont poussés par les désirs vénériens. — Voy. aussi p. 89, note 1.