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DES ORGANES GÉNITAUX.

mière et principale, car nous avons dit précédemment (chap. ii ; cf. aussi chap. iii) que la nature a imaginé ces moyens pour assurer l’éternelle jeunesse[1] et la perpétuité de l’espèce ; il s’agit de la cause matérielle et organique. Si ce désir, si cette jouissance existent chez les animaux, ce n’est pas seulement parce que les dieux créateurs de l’homme ont voulu leur inspirer un violent désir de l’acte vénérien, ou attacher à son accomplissement une vive jouissance ; mais parce qu’ils ont disposé la matière et les organes pour obtenir ces résultats.

En effet, les artères et les veines qui de la région des reins se rendent aux parties génitales, longent le fond des matrices et se portent aux deux côtés (vaisseaux utéro-ovariques), où ils se partagent en deux branches. L’une d’elles quittant ce lieu, pénètre dans les testicules de la femme (branches ovariques) situés à côté des matrices ; l’autre arrivant au fond des matrices, s’y ramifie tout entière de diverses façons (branches utérines). Là s’unissent les extrémités des vaisseaux qui se distribuent dans le sinus gauche de la matrice avec les extrémités des autres vaisseaux ramifiés dans le sinus droit, en sorte que la matrice droite reçoit une quantité imperceptible mais cependant réelle d’humeur séreuse (voy. plus haut chap. vii, p. 107-108). Cette humeur devait, outre l’utilité précédemment indiquée, en présenter une autre très-importante, parce qu’elle a une âcreté et un mordant d’une nature très-propre à exciter à l’usage des parties et à procurer une jouissance dans l’accomplissement de leurs fonctions.

S’il faut en preuve des grandes et admirables œuvres de la nature apporter de petits et misérables exemples pour éclaircir notre explication, songez qu’à l’égard de ces humeurs séreuses échauffées, il s’opère quelque chose de semblable à ce qui arrive souvent par suite de l’amas sous-cutané d’une humeur mordicante, dont le mouvement excite un titillement et une démangeaison agréable. Lors donc qu’il existe non pas seulement une humeur semblable qui a besoin d’être évacuée et qui, en conséquence, stimule et pousse à l’excrétion, mais encore un pneuma abondant et chaud, lequel demande à s’exhaler, on doit penser que la

  1. Ἀγήρωτα καὶ ἄφθαρτον εἰσαεὶ τὸ γένος — Ἀγήρωτα καί est donné seulement par B.