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DU COU ET DU RESTE DE L’ÉPINE.

sans lui donner aucune utilité, s’en sert comme d’un abri contre le froid et la chaleur et comme d’une enveloppe très-semblable aux tissus foulés (voy. I, xiii ; t. I, p. 134) ; elle en a enveloppé circulairement les fibres mêmes, et, de plus, elle en a pourvu les artères et les veines comme d’un coussin ou d’un tapis, objet de notre admiration.

Nous vous avons dit à ce sujet, dans le premier livre de tout notre ouvrage (chap. xiii, t. I, p. 134), qu’on nomme chair (σάρξ) cette substance qui procure aux animaux les avantages susdits, et qu’elle protège à la fois contre le froid et le chaud, bien que ces deux qualités soient contraires l’une à l’autre. Nous avions déjà dit auparavant, dans le traité Sur le mouvement des muscles (I, ii), comment nerfs et ligaments se partagent en fibres, comment la simple chair se mêle à ces fibres, comment les fibres se rencontrant et s’unissant de nouveau, le tendon se trouve en conséquence constitué par celles-ci, tandis que le muscle est le résultat de l’union des fibres et de la chair.

Ainsi nous venons présentement de signaler l’utilité de la production du tendon et du muscle. Le tendon est en effet, par lui-même, le premier organe du mouvement ; de son côté, le muscle a été créé en vue de la production du tendon, et il fournit à l’animal les utilités de la chair combinée (voy. p. 6, note 1). Que l’animal tombe ou soit étendu par une autre cause, la chair musculaire devient pour lui un moelleux coussin ; contre les coups, c’est une enveloppe protectrice très-semblable aux tissus foulés ; contre les blessures, c’est un rempart ; elle réchauffe quand il fait froid, et contre la chaleur elle procure une sorte d’ombrage. En effet, quelle autre substance que cette substance charnue est dressée en avant de toutes les parties principales pour les protéger contre toute lésion ? C’est ainsi que de toutes choses la nature tire à la fois, pour l’animal, une utilité, un ornement et une protection.

Ces observations générales sur l’utilité des ligaments, des tendons et des nerfs, nous les avons données par avance dans le cours de l’ouvrage, quand nous avons précédemment exposé en détail la nature et à la fois l’utilité et le principe des nerfs (cf. particul., VIII, v, vi ; IX, xi, xiv).

Notre discours actuel a pour sujet les plus importantes de toutes les articulations (c’est-à-dire celle de la tête avec les vertèbres).