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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/260

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DES FACULTÉS NATURELLES, I, xvii.

de sa nouveauté. Ce Lycus, comme s’il proférait un oracle du fond d’un sanctuaire, déclare que l’urine est la superfluité de la nutrition des reins (cf. Utilité des parties, V, v ; t. I, p. 353). Mais tout ce que nous buvons se transforme en urine, à l’exception de ce qui s’en va par les déjections et se perd par les sueurs ou par une transpiration invisible ; c’est un fait rendu manifeste par la quantité de l’urine évacuée journellement. Cela peut se voir en hiver, surtout chez les gens qui occupent leurs loisirs à boire, et principalement si le vin est léger et coulant. Ces gens urinent promptement et à peu près autant qu’ils boivent. Érasistrate le savait. Cela est connu de ceux qui ont lu le premier livre Sur l’ensemble des choses. Ainsi évidemment l’opinion de Lycus n’est pas fondée ; elle s’écarte, cela est clair, de celle d’Érasistrate, de celle d’Asclépiade, et beaucoup plus encore de celle d’Hippocrate. Il ressemble, comme dit le proverbe, à un corbeau blanc qui ne peut se mêler avec les vrais corbeaux à cause de sa couleur, ni avec les colombes à cause de sa taille.

On ne doit cependant pas, pour cette raison, n’en tenir aucun compte. Peut-être a-t-il découvert quelque chose de surprenant qui jusqu’à lui n’a été connu de personne ? Nous accordons que toutes les parties nourries produisent une superfluité ; mais que les reins seuls, corps si petits, donnent parfois quatre coées (environ 13 litres) de superfluités, cela n’est ni avoué de personne, ni conforme à la raison. En effet, la superfluité de chacun des viscères plus grands doit être plus abondante. Par exemple celle du poumon, si elle était proportionnée à la grandeur du viscère, sera plusieurs fois plus considérable que celle des reins, en sorte que le thorax tout entier sera rempli et que l’animal sera bientôt suffoqué. Si l’on prétend que la superfluité est également engendrée dans chacune des autres parties, par quelles vessies, dira-t-on, peut-être, est-elle expulsée ? En effet, si chez les buveurs les reins produisent parfois trois ou quatre coées de superfluités, il s’en produira bien davantage dans chacun des autres viscères, et

    rantibus, tertium Lycum difficillimum et pessimum aggressurus, tertium hunc vovet Jovi Servatori. » Sylvius dans ses Scholies sur le traité qui nous occupe ; Paris 1541, fol., p. 25