Aller au contenu

Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, xi-xii.

semblable à un fleuve qui s’échappe de sa source, envoyât toujours à chacune des parties qu’elle rencontre sur son passage un nerf, canal par où arrivent à la fois la sensation et le mouvement. Or c’est ainsi que les choses se passent manifestement ; car toujours, sur chacune des parties voisines, vient s’insérer le nerf issu de la portion adjacente de la moelle. Nous avons traité précédemment ce sujet ; et personne, je pense, n’est assez dénué de sens pour ne pas comprendre que le mouvement arrive avec bien plus de sécurité en partant du principe raisonnable pour se distribuer à toutes les parties inférieures par le canal de la moelle, que s’il venait directement de l’encéphale à chacune des parties par un nerf mince.

Examinons maintenant une conséquence de ce fait : puisque la moelle épinière est pour les parties inférieures de la tête comme un second encéphale (cf. p. 41) et qu’elle devait être protégée, comme l’encéphale, par une enveloppe dure et résistante ; puisqu’il fallait créer cette enveloppe et l’établir en quelque endroit, ne valait-il pas mieux tailler et creuser de part en part entièrement cette espèce de carène située en arrière du corps de l’animal et composée tout entière d’os, de manière à ce qu’elle fût pour la moelle un canal et une protection sure ? Or, voici les quatre utilités de l’épine : la première est de servir comme de siège et de fondement aux organes nécessaires à la vie ; la seconde, d’être comme le chemin de la moelle ; la troisième de la garantir efficacement ; la quatrième, de procurer aux animaux le mouvement du dos. Une cinquième utilité s’ajoute en surplus à celles-ci, c’est la protection des viscères situés en avant sur l’épine ; mais cette utilité devait être une conséquence nécessaire des quatre autres. Quant aux buts en vue desquels la nature a construit l’ensemble de l’épine, ce sont les quatre que nous venons d’indiquer ; elle a même attribué à chacun d’eux un caractère propre. En effet, comme carène et siège de tout l’animal (cf. pp. 28 et 59), elle a été composée d’os, et d’os durs ; comme canal de la moelle, elle a été creusée ; comme rempart de cette moelle, elle a été munie de nombreux ouvrages de défense disposés circulairement et dont je parlerai un peu plus loin (chap. xv, p. 41) ; comme organe de mouvement, car je me hâte de revenir à mon sujet, elle a été composée de plusieurs os unis par des articulations.