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LÉSION DES FONCTIONS SANS LÉSION DES PARTIES.

sympathie exprime très-exactement ce que ces médecins eux-mêmes reconnaissent dans cet état. En effet, le terme sympathie n’indique pas l’absence complète d’affection, mais une affection commune avec une autre partie. Toutefois, il serait mieux et plus clair de dire que la partie sympathiquement affectée souffre par suite de l’affection d’une autre partie (affection consécutive).

Il est un fait que quelques médecins ont entrevu confusément comme en songe, et qu’ils n’ont pas retracé clairement, faute de le comprendre : ce fait, très-nécessaire au développement de mon sujet, je vais chercher à l’expliquer en partant des considérations suivantes : Certaines fonctions produites par une matière convenable reçoivent cette matière préparée par d’autres parties. Il arrive parfois, et naturellement, sans qu’il existe une affection particulière dans les organes propres de la fonction, que cette fonction est abolie faute de la substance qui la produit, comme cela se voit pour la voix ; [ainsi nous avons montré que, parfois, aucune affection n’existant dans les organes de la voix, il arrive que la voix est lésée faute de la matière dont elle se forme][1]. Il a été [également] démontré, dans notre traité Sur la voix, que l’exsufflation est la matière de la voix, et que les muscles intercostaux la produisent en contractant la poitrine[2]. Quand donc ces muscles n’agissent plus, l’animal devient aphone sans qu’il existe aucune affection dans les parties propres de la voix elle-même. Ces parties sont, pour les énoncer sommairement, tout le larynx, et, pour les énumérer, les trois cartilages du larynx et les muscles[3] qui les meuvent avec les nerfs issus de l’encéphale ; de plus encore, la glotte du larynx, qui est l’organe principal de la voix. En effet, cette glotte ouverte, et modérément contractée par les muscles, produit les sons, mais il n’est pas possible que ceux-ci se produisent, si le pneuma n’est fortement porté au dehors. C’est ce que font les muscles intercostaux.

  1. Voy. note de la p. 499.
  2. Voy. note 3 de la page 466 du tome I.
  3. Les textes manuscrits et imprimés portent les trois muscles ; évidemment il y a là une erreur de copiste, car Galien connaissait très-bien tous les muscles intrinsèques et extrinsèques du larynx (Voy. Util. des parties, VII, xi et xii). Plus bas (et ainsi dans tout le cours du chapitre) on lit également épiglotte là où il faut manifestement glotte (voy. Util, des parties, VII, xiii ; t, I, p. 493).