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DES LIEUX AFFECTÉS, I, vi.

Une personne étant tombée d’un lieu élevé et la partie supérieure du dos ayant porté contre terre, au bout de trois jours sa voix était très-faible, au quatrième cette personne était complétement aphone, de plus paralysée des jambes, sans aucune lésion des bras, et cependant exempte d’apnée et de dyspnée. Toute la partie de la moelle située au-dessous du cou ayant été paralysée, le thorax pouvait encore être mû par le diaphragme et par les six muscles élevés (scalènes, voy. Utilité des parties ; XII, viii et ix, p. 24 et 26), les nerfs de ces muscles venant de la moelle du cou, tandis que tous les nerfs des muscles intercostaux qui, nous l’avons démontré[1], produisent l’exsufflation, étaient affectés. Les médecins voulant donc tourmenter par un traitement inutile les jambes, parce qu’elles étaient paralysées, et le larynx à cause de l’affection de la voix, je les arrêtai et je donnai toute mon attention à la seule partie affectée. L’inflammation de la moelle disparut au bout de sept jours, et le jeune homme recouvrait la voix ainsi que le mouvement des jambes.

Une telle forme de la lésion serait désignée comme sympathique, à plus juste titre que quand la douleur produite dans la tête résulte de certaines humeurs contenues dans l’estomac. En effet, dans de semblables circonstances, quelque chose remonte à la tête ; mais, dans le cas que je viens de rapporter, aucun élément nuisible ne se porte aux jambes ; au contraire, elles sont privées de la faculté que leur communiquait précédemment la moelle. Pour le larynx, il n’est pas absolument privé de pneuma dans l’aphonie. En effet, par lui encore l’animal émet l’air, mais il est privé de l’exsufflation, qui est l’expulsion rapide de l’air abondant rejeté hors de l’animal à travers le larynx. J’abandonne à d’autres le plaisir de disputer sur les mots. II nous suffit à nous d’expliquer les choses que ces derniers ignorent complétement.

Autre est la douleur de tête produite par les humeurs de l’estomac, lesquelles, en remontant, échauffent, et à la fois distendent les parties de la tête ; autre est le trouble de la vue produit chez ceux qui ont devant les yeux les mêmes images que les individus affectés de suffusions (cataractes), les yeux n’étant dans ce cas ni échauffés ni distendus, mais seulement traversés par une

  1. Dans le traité Sur la production de la voix. Voy. t. I, p. 465-6.