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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/58

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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, xvi.

comme nous l’avons dit plus haut (chap. xv, p. 43), bien que cette partie de la moelle ait la plus grande puissance. En effet, nous avons démontré (chap. iv et x, p. 8-9 et 29) que ses premières parties sont plus importantes que les autres. La nature a donc créé les apophyses transversales de ces vertèbres à la fois épaisses et bifides, afin que le défaut de sécurité résultant, pour les vertèbres de cette région, de la brièveté de l’épine, fût compensé par les apophyses transverses. Jusqu’ici, l’équité apparaît avec évidence dans la structure de toutes les parties du rachis.

Maintenant il faut prêter une attention plus soutenue à ce que nous allons dire sur toutes les autres apophyses, et de plus aussi sur les articulations qu’elles présentent. Comme les vertèbres doivent, pour constituer le rachis, en faire comme un seul corps résistant et ferme (cf. chap. xv, p. 41), et en même temps facile à mouvoir, il est juste d’abord d’admirer la nature qui, par des expédients si ingénieux, a créé le rachis apte aux deux utilités, bien qu’elles réclament des conditions contraires. En effet, toutes les vertèbres, excepté les deux premières, attachées solidement les unes aux autres par leurs parties antérieures et articulées en arrière, tirent de l’assemblage harmonique qu’elles présentent à la région antérieure, la stabilité dans la forme qu’elles prennent en arrière, sans que leurs mouvements rencontrent d’obstacles, attendu qu’elles ne sont pas soudées entre elles, et qu’en arrière elles sont séparées par des articulations considérables. C’est donc ce qui nous permet de nous courber beaucoup en avant, mais point du tout en arrière. En effet, vous briserez, si vous y mettez de la violence, le ligament antérieur qui réunit et rattache[1] si exactement chaque vertèbre aux deux autres, qu’on les croirait naturellement soudées, ligament qui se relâche légèrement dans le retrait du rachis. Il n’était pas possible, en effet, que ce ligament fût à la fois fort et considérablement extensible, bien que la nature, autant qu’il était en elle, lui ait admirablement ménagé cet avantage en le créant muqueux ; telle est l’épithète que lui donne Hippocrate[2]. Mais

  1. Συνάγοντα τε καὶ σφίγγοντα B. Ces trois derniers mots manquent dans les éditions et dans la traduction latine.
  2. Si Galien entend ici le ligament vertébral commun antérieur, et cela paraî-