La nature, si rigoureusement équitable dans toutes ces parties, aurait-elle injustement privé de son apophyse postérieure la seule première vertèbre du cou ? Ou bien une telle disposition était-elle encore préférable ? Je pense que si vous vous rappelez les explications que j’ai données dans le livre précédent (chap. iv et viii, p. 8 et 20), vous n’avez pas besoin d’une plus longue démonstration ; car nous disions dans ce livre (p. 21) que les muscles droits et courts qui relèvent la tête entière occupaient toute son articulation. C’est donc avec raison que l’apophyse de cette partie n’existe pas à la première vertèbre où sa place est occupée par les muscles. Il n’eût pas été sage, en effet, de priver les animaux d’un tel mouvement ; en le conservant, il n’était pas possible de disposer sous les muscles une apophyse osseuse aiguë. En effet, non-seulement elle leur eût enlevé la place, mais encore elle eût été un obstacle à leurs mouvements, en les contondant, en les piquant, en les blessant, en les lésant de toutes les façons. C’est à cause de cela que la première vertèbre n’a pas reçu d’apophyse postérieure. Je voudrais que vous pussiez donner une attention spéciale aux œuvres dans lesquelles la nature, s’écartant de la similitude de structure pour des organes semblables, ne rejette pas témérairement cette similitude et ne lui substitue pas la première conformation venue, mais seulement celle qui convient à ces organes. Ce n’est pas, en effet, fortuitement ni au hasard que la dixième vertèbre dorsale, seule de toutes les vertèbres, a l’apophyse postérieure droite, tandis que chacune des autres en a une inclinée (voy. p. 42 et 52) ; ce n’est pas en vain non plus que les deux vertèbres suivantes sont dépourvues d’apophyses transverses (cf. chap. ii, p. 52) comme la première vertèbre cervicale l’est d’apophyse posté-