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HISTOIRE DU CANADA.

l’Angleterre. En 1816 son projet était de laisser le pays situé entre le lac Champlain et Montréal à l’état de nature afin que les forêts servissent de protection contre les Américains, et lord Bathurst était fâché qu’on eût commencé des établissemens à Hemingford et dans les autres lieux de ce voisinage. Il fallait empêcher l’ouverture des chemins dans cette direction.

Richmond descendait à Québec lorsqu’il tomba malade sur la rivière des Outaouais, et expira au bout de quelques heures dans les douleurs les plus cruelles. Ses restes furent descendus dans la capitale et déposés avec une grande pompe dans la cathédrale protestante le 4 septembre 1819. Ainsi mourut celui dont la domination menaçait le pays de nouveaux orages.

Les rênes du gouvernement passèrent successivement par les mains de Monk, sir Peregrine Maitland, et du comte Dalhousie élevé à la tête du gouvernement des colonies de l’Amérique du Nord.

Les visites fréquentes des gouverneurs du Bas-Canada dans le Haut depuis quelque temps, firent soupçonner que quelque projet se tramait dans l’ombre contre les Canadiens français, toujours vus avec froideur comme des étrangers dans la maison paternelle. La hauteur et l’arrogance de langage du dernier gouverneur étaient un présage qui faisait mal augurer de l’avenir. Quoiqu’on fût préparé à quelque coup d’éclat, la dissolution de l’assemblée ordonnée par Monk, étonna, parce que l’on savait qu’une nouvelle élection n’en changerait point le caractère, et que cette mesure ne paraissait pas en uniformité avec l’excellente réception que lord Bathurst faisait alors à Londres à l’évêque de Québec, M. Plessis, passé en Europe pour les affaires de son diocèse. Il était question à Rome de changemens dans l’église des diverses provinces anglaises de l’Amérique du Nord, rendus nécessaires par l’accroissement de la population catholique. Comme le projet de l’union des deux Canadas était probablement alors sur le tapis au bureau colonial, le ministre croyait devoir faire toutes les concessions demandées par le clergé, afin de prévenir ses objections contre une mesure qui aurait pu lui inspirer des craintes, et, suivant la politique suivie depuis le commencement du siècle, de rallier l’autel à soi pour être plus fort contre le sénat. Le pape avait signé des bulles au commencement de 1819,