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HISTOIRE DU CANADA.

pour ériger l’évêché de Québec en archevêché. M. Plessis rendu à Londres, craignant que cet arrangement, fait sans sa connaissance et sans celle du gouvernement, ne lui portât ombrage, écrivit au préfet de la propagande, le cardinal Fontana, pour l’informer qu’il n’avait pas voulu prendre son nouveau titre. En même temps il présentait trois mémoires à lord Bathurst, qui s’était trouvé offensé comme il l’avait prévu, de l’expédition des bulles. Le premier avait rapport à la division du diocèse de Québec ; le second au séminaire de Montréal, dont l’on avait recommandé au gouvernement de prendre les biens ; et le troisième au collège de Nicolet.

Il suggérait de former du diocèse de Québec une hiérarchie consistant en un métropolitain et quatre ou cinq évêques suffragans. Sur les objections du ministre à l’introduction d’ecclésiastiques étrangers, il répondait : « Des prédicans de toute espèce s’introduisent en Canada : méthodistes, newlights, anabaptistes. Des renégats de toute nation, des révolutionnaires, des déserteurs, des régicides pourraient y entrer sans blesser les lois. Pourquoi en fermer la porte aux seuls ecclésiastiques catholiques, à des jeunes gens élevés avec soin, étrangers à la politique et préparés par leur éducation à soutenir et à défendre l’autorité contre les empiétemens de la démocratie ? »

Depuis longtemps le bureau colonial prenait ses précautions. Les concessions qu’il avait intention de faire aux catholiques n’étaient pas dues seulement à leurs bonnes raisons. Il avait senti que la question religieuse était la plus importante, parce que c’était celle au moyen de laquelle on pouvait agiter le plus facilement et le plus profondément les masses. Il décida de la régler sans délai. Le prélat canadien ne fit aucune promesse à lord Bathurst de soutenir de l’influence cléricale les mesures politiques que l’Angleterre pourrait adopter à l’égard du Canada quelque préjudiciables qu’elles pussent être aux intérêts de ses compatriotes ; mais on peut présumer que le ministre en vit assez à travers son langage pour se convaincre qu’en mettant la religion catholique, les biens religieux et les dîmes à l’abri, on pouvait compter sur son zèle pour le maintien de la suprématie anglaise quelque chose qui put arriver, soit que l’on voulût changer les lois et la constitution, ou réunir le Bas-Canada au Haut. Les