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HISTOIRE DU CANADA.

graves dangers. Nous prenons la liberté de remarquer, que quoique l’on ait demandé l’approbation du Haut-Canada, il l’a refusée comme le prouvent les requêtes de ses habitans, dont la majorité repousse l’union. La population du Bas-Canada est estimée à cinq cent mille âmes, celle du Haut à cent vingt mille. Le nombre d’hommes de seize à soixante ans dans les deux provinces est d’environ cent mille, dont près de soixante-dix mille ont réclamé contre la mesure. Si un petit nombre d’individus l’ont appuyée par leurs requêtes, on doit faire attention que personne dans l’une ni dans l’autre colonie, avant que l’on y eût appris l’existence du bill actuel, ne l’avait sollicitée, ni n’avait découvert les maux qui la rendent nécessaire selon ses auteurs.

Les agens s’étendirent ensuite sur la fidélité des Canadiens, qui avaient défendu l’autorité métropolitaine lorsque toutes les colonies anglaises de l’Amérique se révoltaient ; sur la différence qu’il y avait entre la société en Angleterre et la société en Canada ; sur les dangers de faire des changemens contre le gré des habitans. Ils exposaient qu’il était évidemment utile pour des législatures locales et subordonnées que leurs limites ne fussent pas trop étendues ; que la distance entre le golfe St.-Laurent et la tête du lac Huron était de plus de 500 lieues ; que le climat variait beaucoup dans cette vaste étendue de pays, et que par conséquent les communications étaient très difficiles et très dispendieuses surtout l’hiver, tandis que dans la même étendue de territoire, l’Union américaine comptait sept états distincts pour la facilité du gouvernement et de la législature.

Ce n’est pas seulement à cause des distances et des différences de climats et de saisons, ajoutaient-ils, que la mesure préjudicierait aux intérêts des Canadas. C’est un fait constant que non-seulement les lois qui règlent la propriété et les droits civils dans les deux provinces, mais les coutumes, les habitudes, la religion et même les préjugés différent essentiellement. Les habitans tiennent fortement à toutes ces choses, dont la jouissance leur a été solennellement garantie par la Grande-Bretagne. Le plus sage, le plus désintéressé, le plus savant législateur, pourrait à peine fondre leurs codes en un seul sans danger pour les propriétés acquises sous ces lois différentes. MM. Neilson et Papineau faisaient alors une revue des différens articles du bill d’union ; de la