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HISTOIRE DU CANADA.

diffamé la représentation nationale ?… Quelle espérance de conciliation reste-il avec une pareille administration, qui fait revivre des ordonnances militaires contre les plus simples règles d’interprétation légale, qui voyage pour remercier une demi douzaine de flatteurs ou d’intrigans… Il n’y a guère à douter que le gouvernement anglais ne regarde une pareille administration comme une nuisance, dont les folies et la mauvaise conduite finiront bientôt si le pays prend de son côté des mesures fermes et décisives. » Le refus du gouverneur fournit de nouveaux motifs et de nouvelles armes à l’opposition, et la grande majorité se montra décidée à maintenir la position qu’elle avait prise. Le fauteuil du président était resté vide. Sur la proposition de M. Cuvillier, il fut résolu : Que le choix du président devait être fait librement et indépendamment du gouvernement ; que M. Papineau avait été choisi, que la loi n’exigeait pas d’approbation et qu’elle était comme la présentation une simple formalité d’usage. Après cette déclaration, M. Papineau fut reconduit au fauteuil et les membres de la minorité se retirèrent. Sur la motion de M. Vallières, une adresse au gouverneur pour l’informer de ce qu’on avait fait, fut adoptée à l’unanimité, et une députation fut envoyée pour savoir quand il voudrait bien recevoir la chambre. Le gouverneur fît répondre qu’il ne pouvait recevoir ni message ni adresse d’elle avant qu’il eût approuvé son président, et le soir même le parlement fut prorogé.

Le gouvernement dont les organes célébraient l’énergie et disaient que sans la fermeté du comte de Dalhousie cette scène aurait conduit à une révolution, le gouvernement avait voulu dans le même temps sévir contre la presse. Un grand jury de Montréal avait rejeté les accusations qu’on lui avait présentées ; on en choisit un autre plus commode qui en accueillit au commencement de novembre contre le Spectateur ; mais loin de modérer l’ardeur des journaux cette démonstration sembla l’accroître. Le peuple lui-même commença à s’agiter. Il y eut des assemblées publiques dans les villes et dans les campagnes ; on y organisa des comités pour rédiger des résolutions et de nouvelles adresses au roi et au parlement impérial, que l’on ferait ensuite signer par le peuple.

Le parti qui appuyait la politique de lord Dalhousie, très faible