Aller au contenu

Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
HISTOIRE DU CANADA.

songères et les plus calomnieuses contre la chambre d’assemblée, ainsi que contre tout le peuple de cette province ; menacé, par le même moyen, le pays d’exercer la prérogative royale d’une manière violente et despotique en dissolvant le corps représentatif ; puni en effet le pays en refusant sa sanction à cinq bills d’appropriation ; violé la franchise élective en voulant directement et indirectement influencer les électeurs ; créé dans le pays par ces divers actes d’oppression un sentiment d’alarme et de mécontentement général ; déprécié le pouvoir judiciaire et affaibli la confiance du peuple dans l’administration de la justice ; enfin d’avoir répandu dans toute la province un sentiment insurmontable de méfiance contre son administration.

Le pouvoir qui voulait intimider les organes de l’opposition et atténuer au loin l’effet de ces grandes démonstrations publiques par quelque coup d’éclat qui répandit le soupçon, choisit pour faire arrêter une seconde fois l’éditeur du Spectateur, M. Waller, le moment où il se rendait à l’assemblée. Mais ces tentatives d’intimidation ne faisaient qu’aigrir davantage les esprits. Le lendemain le Spectateur disait : « Un autre attentat a été commis au préjudice de la liberté de la presse et des droits et immunités des sujets anglais. Lorsque l’on réfléchit à la misérable folie qui a marqué d’une manière indélébile l’administration ; lorsque l’on voit l’indiscrétion et la passion qu’elle a montrées ; lorsque l’on se rappelle ce que les intérêts de la société ont souffert, ce qu’ont enduré ses sentimens, ses droits, la constitution, la représentation, on ne peut être surpris des tentatives faites maintenant pour étouffer la presse, ou réduire au silence toutes celles qui ne sont pas payées par l’administration ou qui ne sont pas dans sa dépendance. » Les autres villes et tous les districts ruraux se réunissaient ou s’étaient réunis pour le même objet. On adoptait des adresses de toutes parts dans lesquelles on s’exprimait avec la même énergie et la même unanimité qu’à Montréal. À Québec on en adopta une qui semblable au fond à celle de Montréal, était plus modérée dans les termes. 80,000 signatures couvrirent bientôt ces représentations que M.M. Neilson, Viger et Cuvillier furent chargés d’aller porter en Angleterre. Les menaces de la presse officielle ne fit qu’exciter le zèle des partisans de la chambre. En vain les accusait-elle de trames sédi-