Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
HISTOIRE DU CANADA.

religieuses de femmes de se perpétuer suivant les règles de leur institution. Les troubles de l’Europe qui menaçaient d’embraser l’Amérique, et la popularité de cet ancien gouverneur parmi les Canadiens, furent probablement les motifs qui engagèrent la Grande-Bretagne à lui remettre pour la troisième fois les rênes du gouvernement. Il fut parfaitement accueilli par l’ancienne population, mais avec froideur par les Anglais, qui trouvèrent ensuite le discours qu’il prononça à l’ouverture des chambres beaucoup trop flatteur pour la représentation nationale.

Il appela dans ce discours leur attention sur l’organisation de la milice, sur l’administration de la justice ; et, en leur annonçant qu’il allait leur faire transmettre un état des comptes publics, il les informa que les revenus étaient encore insuffisans pour couvrir toutes les dépenses ; mais qu’il espérait que la métropole continuerait de combler le déficit.

Cette session fut plus longue encore que la première et dura depuis le mois de novembre 93 jusqu’au mois de juin suivant ou six mois et demi. Il ne fut passé cependant que six lois dont une pour réorganiser la milice, deux autres pour amender les lois de judicature, et autoriser le gouverneur à suspendre la loi de l’habeas-corpus à l’égard des étrangers soupçonnés de menées séditieuses, acte renouvelé d’année en année jusqu’en 1812. Les intrigues de l’ambassadeur de la république française auprès du gouvernement des États-Unis, M. Genet, et celles de ses émissaires en Canada, nécessitaient, disait-on, ces mesures de précautions qui blessaient la liberté du sujet et dont l’abus sous l’administration de sir James Craig devait tant agiter le pays. La plus grande harmonie ne cessa point de régner pendant toute la session. M. Panet, fait juge des plaidoyers communs, fut remplacé à la présidence de la chambre, par M. de Lotbinière qui fut élu à l’unanimité. L’influence pacifique de lord Dorchester se faisait déjà sentir sur l’opposition, qui se désabusait chaque jour sur ses prétentions. C’est dans cette session que, pour la première fois, les comptes du revenu public furent mis sous les yeux des contribuables. Dans le message qui les accompagnait, le gouverneur recommanda de donner des salaires fixes aux fonctionnaires et d’abolir le système des émolumens, afin de prévenir tout abus et que les charges imposées sur le peuple pour le