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HISTOIRE DU CANADA.

M. Papineau fit un discours dans lequel encore tout irrité du ton de la dépêche de M. Stanley, il s’abandonna à un enthousiasme républicain qui devait mettre l’Angleterre sur ses gardes, et qui était contraire à la partie des résolutions qui citait le fait, que dans les anciennes colonies anglaises, celles qui jouissaient des institutions les plus libérales avaient été les dernières à se révolter. « Des plaintes existent, dit-il, depuis longtemps ; tous conviennent de nos maux ; tous sont unanimes pour accuser ; la difficulté est quant aux remèdes. Il s’agit d’examiner où nous les prendrons. Il y a des personnes, qui, occupées des systèmes électifs et des autres constitutions européennes, veulent nous entretenir de ces idées. Ce n’est pas à nous à décider des institutions de l’Europe ; on ne peut les connaître ni en bien juger. Nous devons examiner quel doit être notre sort, le rendre aussi bon et aussi durable que possible. Il est certain qu’avant un temps bien éloigné, toute l’Amérique doit être républicaine. Dans l’intervalle, un changement dans notre constitution, s’il en faut un, doit-il être en vue de cette considération ? et est-il criminel de le demander ? Les membres de cette chambre en sont redevables à leurs constituans comme d’un devoir sacré, et, quand bien même le soldat devrait les égorger, ils ne doivent pas hésiter à le faire, s’ils y voient le bien de leur pays. Il ne s’agit que de savoir que nous vivons en Amérique, et de savoir comment on y a vécu. L’Angleterre elle même y a fondé de puissantes républiques où fleurissent la liberté, la morale, le commerce et les arts. Les colonies espagnoles et françaises, avec des institutions moins libérales, ont été plus malheureuses, et ont dû lutter beaucoup contre le vice de leurs institutions. Mais le régime anglais, qu’a-t-il été dans les colonies ? A-t-il été plus aristocratique que démocratique ? Et même en Angleterre est-il purement aristocratique ? C’est donc une grande erreur de M. Stanley, de nous parler du gouvernement monarchique d’Angleterre en 1834. Du temps de la maison des Stuart, ceux qui ont maintenu le pouvoir monarchique, ont perdu la tête sur les échafauds. Depuis ce temps la constitution de l’Angleterre a été appelée mixte, et elle ne devait pas être appelée autrement. Lui, M. Stanley, ministre par un vote de la chambre et malgré le roi, à qui l’on a dit de l’accepter ou de perdre sa couronne, M. Stanley, méprisé aujour-