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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/257

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HISTOIRE DU CANADA

cause étaient récompensés par des emplois comme les seuls hommes de capacité et de lumières.

« Pouvait-on imaginer, continua l’orateur, un plan plus défectueux que d’envoyer trois commissaires qui ne s’étaient jamais vus, ayant une foule d’employés avec chacun leurs communications et leurs correspondances secrètes ? Peut-on voir dans cette combinaison quelque trait de sagesse ? Aussi les résultats ne se sont pas fait attendre. Quelques heures pour ainsi dire après leur arrivée le public fut averti qu’il y avait division parmi eux sur tous les points. Pouvait-on espérer qu’ils ne sèmeraient pas ici la division ; qu’il y aurait entre eux unanimité sur nos difficultés politiques, et que la diversité connue de leurs opinions sur la politique de leur pays, ne serait pas le prélude à la même diversité d’opinions sur la politique de notre pays ? Aussi les a-t-on vus se jeter dans les sociétés les plus opposées, et la presse anglaise a bientôt retenti d’injures contre celui qu’elle appelait radical, de louanges pour celui qu’elle appelait tory. On nous a promis que de ce mélange naîtraient l’ordre et la justice. On aime à s’endormir sur le bord d’un précipice, à attendre le bonheur que promet un songe fugitif et trompeur ; au lieu des jouissances et des réalités enchantées, nous allons rouler dans un gouffre… Il ne fallait accorder que six mois de subsides pour nous mettre dans la même position que la Jamaïque. Ses représentans se sont dit : Nous voici dans des circonstances extraordinaires, nous voterons six mois de subsides pour salarier les troupes, mais après ce temps, nous sommes déterminés à nous ensevelir sous des ruines plutôt que de céder nos libertés. Ces inspirations héroïques ont obtenu du gouvernement anglais qui a su les apprécier, les droits que réclamaient les colons de la Jamaïque, de semblables inspirations nous assureront les mêmes avantages. »

L’amendement de M. Vanfelson fut rejeté par 40 contre 27. Huit Anglais, dont quelques uns des townships de l’est, votèrent avec la majorité et huit avec la minorité, preuve assez forte de la justice des prétentions de l’assemblée. Le conseil rejeta la liste civile de six mois, ce qui amena presqu’aussitôt la prorogation des chambres, n’y ayant plus de membres suffisans pour continuer les affaires, et fit observer par lord Gosford qu’il ne voulait pas se