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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/276

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HISTOIRE DU CANADA

plomb. Girod qui avait pris la fuite avant le combat se voyant sur le point d’être pris quelques jours après par des hommes envoyés après lui, se tua d’un coup de pistolet.[1]

Le combat de St.-Eustache fut le dernier livré à l’insurrection.

Les troupes marchèrent alors sur St.-Benoît, qui ne fit aucune résistance, mais qui subit le sort de St.-Eustache et de St.-Denis, où on avait renvoyé une nouvelle expédition de 1100 hommes, qui malgré la soumission des habitans n’en détruisit pas moins le village pour venger la défaite du 22. L’insurrection était maintenant abattue. Les chefs étaient en fuite ou prisonniers. M. Papineau qui s’était montré aux insurgés avant les affaires de St.-Charles et de St.-Eustache comme avant celle de St.-Denis, parvenait aux États-Unis avec plusieurs autres personnes compromises. Les journaux de leur parti étaient saisis ou muets, et le peuple partout soumis à l’autorité, qui continuait à recevoir de toutes parts des adresses propres à la rassurer. Le clergé fit entendre de nouveau sa voix sur les ruines qu’avait faites la tempête qui venait de passer. Les évêques de Québec et de Montréal publièrent de nouveaux mandemens, annonçant des prières en actions de grâces pour remercier Dieu du rétablissement de la paix. « Quelle misère, quelle désolation s’est répandue dans plusieurs de vos campagnes, disait l’évêque de Montréal, depuis que le fléau de la guerre civile a ravagé cet heureux et beau pays, où régnaient l’abondance et la joie avec l’ordre et la sûreté, avant que des brigands et des rebelles eussent à force de sophismes et de mensonges, égaré une partie de la population de notre diocèse ! Que vous reste-t-il de leurs belles promesses… ? Est-ce le vœu de la majorité du pays, qui néanmoins selon leurs principes doit régler tout dans un état ? Est-ce cette volonté générale qui a dirigé les opérations militaires des insurgés ? Vous trouviez-vous libres, lorsqu’en vous menaçant de toutes sortes de vexations, de l’incendie et de la perte de tous vos biens, de la mort même, si vous ne vous soumettiez à leur effrayant despotisme, ils forçaient plus de la moitié du petit nombre qui a pris les

  1. Journal historique des événemens arrivés à St.-Eustache pendant la rébellion du comté des Deux-Montagnes, par un témoin oculaire. Publié dans l’Ami du Peuple et le Canadien, en 1838.