Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
HISTOIRE DU CANADA

l’assure, très généralement dans les colonies d’en bas, que votre parti est déterminé à précipiter à tout hasard une lutte avec la mère-patrie… Le langage des derniers numéros du Vindicator ne laisse plus lieu à douter sur ce point.

« Prenant donc pour établi qu’une rupture soudaine et violente du lien qui nous unit à la Grande-Bretagne est désirée par le parti Papineau en Canada, ou par une grande portion de ce parti, je puis dire avec assurance qu’au moins les sentimens des sept huitièmes de la population des provinces d’en bas sont opposés à un pareil mouvement… »

Qu’allait-il maintenant résulter de ces événemens dus à un système de gouvernement qui n’était plus en harmonie avec les idées et les progrès du pays ? Car si la grande majorité du peuple était restée étrangère à cette tentative de révolution, le gouvernement dans les deux Canadas n’en avait pas moins besoin de réformes. Il ne suffisait pas d’avoir abattu la révolte, il fallait prendre des mesures pour en prévenir le retour. Malheureusement ce sont ceux qui avait le plus de droit de se plaindre qui allaient être punis, et dès ce moment l’on peut dire que l’union des deux Canadas fut fait.

Déjà avant les troubles, la reine en ouvrant le parlement le 20 novembre, avait appelé l’attention des chambres sur nos affaires. M. Hume et M. Leader avaient interpellé les ministres pour leur demander quelle marche ils allaient suivre maintenant que leurs mesures avaient poussé un peuple moral, tranquille et religieux sur le bord même d’une révolution, et que le Haut-Canada faisait cause commune avec le Bas ? Lord John Russell avait défendu sa conduite tout en refusant de dire ce qu’il allait faire. Il annonça qu’on avait accepté la résignation de lord Gosford, qui demandait son rappel depuis quelque temps, et que sir John Colborne, allait le remplacer temporairement. Lorsque la nouvelle des troubles arriva, quelques marchands en relation avec les nôtres, se présentèrent au bureau colonial avec M. Gould à leur tête et reçurent de lord Glenelg l’assurance que les sujets fidèles seraient protégés, et les rebelles soumis par la force des armes. Déjà les Anglais à Québec, et surtout à Montréal, s’agitaient pour demander l’union des deux Canadas. C’était l’attente de cette mesure que les ministres voyaient toujours