Aller au contenu

Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
283
HISTOIRE DU CANADA

comme inévitable dans un avenir plus ou moins éloigné, qui les avait empêchés de faire des concessions réelles au Bas-Canada. Ils ne voulaient pas laisser trop grandir cette nationalité française qui offusquait leurs préjugés, et aux bruits qui transpiraient de temps à autre, on pouvait croire que dès que le parti anglais ne pourrait plus tenir tête au parti canadien, tout appuyé qu’il était de la métropole, et que la population du Haut-Canada serait assez considérable, on réunirait les deux provinces pour mettre fin une bonne fois à la querelle de race.

Lord Gosford partit de Québec à la fin de février 1838, pour l’Europe, par la voie des États-Unis. Le gouverneur du Haut-Canada, sir Francis Bond Head, qui avait demandé aussi son rappel, le suivit peu de temps après. Plusieurs journaux d’Angleterre blâmaient la conduite de leur ministère au sujet de nos affaires ; mais il n’y avait aucun doute que la grande majorité de la nation et des chambres le soutiendrait dans tout ce qu’il voudrait entreprendre au préjudice des Canadiens-français, pour lesquels il y avait peu d’intérêt ou de sympathie. Les sentimens du Nouveau-Brunswick leur étaient aussi très hostiles comme les débats qui eurent lieu dans leur chambre le prouvèrent. Cette province était prête à soutenir la métropole, pour renverser tous leurs arrangemens sociaux. C’est une nouvelle conquête des Canadiens qu’il faut faire, s’écriait un de ces membres influens, M. Wilmott, inspiré par la gazette de Montréal. Dans le Haut-Canada, où la question de l’union avait été amenée devant les chambres, la branche représentative n’en voulait qu’à la condition que la prépondérance fût assurée aux Anglais, et que les lois et la langue française fussent abolies dans la législature et les tribunaux.

Tels étaient partout les sentimens à notre égard. Tel fut aussi le résultat du mouvement de 37, dont celui de l’année suivante bien moins sérieux, ne fut que le contre coup. Ce mouvement fut prématuré et inattendu. Le peuple dans aucune partie du pays n’y était préparé. Il n’y avait que les hommes les plus engagés dans la politique, les journalistes, les partisans souvent courant alternativement d’un camp à l’autre, qui ne voyaient qu’une révolution capable de porter remède aux abus qui existaient ou de satisfaire leurs vues personnelles. Ils s’excitèrent