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HISTOIRE DU CANADA

membres du conseil exécutif, cette cause première de tous les troubles, qu’il n’aurait pas besoin de leurs services pour le présent ; et qu’il se nomma, pour la forme, un conseil exécutif et un conseil spécial composés de son secrétaire, M. Buller, de l’amiral Paget qui arrivait dans le port, du général Clitherow, du major général MacDonell, du colonel Charles Grey, et de diverses autres personnes de sa suite, de cinq des juges, de M. Daly, secrétaire provincial et de M. Routh, commissaire général, qu’il prit dans le pays, parce qu’il y fallait quelqu’un qui en connût quelque chose.

Il organisa ensuite diverses commissions, pour s’enquérir de l’administration des terres incultes, de l’émigration, des institutions municipales, de l’éducation. La seigneurie de Montréal, les bureaux d’hypothèques occupèrent aussi son attention. La seigneurie de Montréal lui fournit une occasion de neutraliser le clergé en lui prouvant qu’il ne lui en voulait pas à lui-même. Cette seigneurie appartenait au séminaire de St.-Sulpice, et le parti anglais cherchait depuis longtemps à la faire confisquer au profit de la couronne comme on avait déjà confisqué les biens des jésuites et des récollets. Lord Durham qui savait de quelle importance il était pour ses desseins de ne pas exciter les craintes de l’autel, saisit cette occasion pour lui prouver ses bonnes dispositions en accordant un titre inébranlable aux sulpiciens.

Cet acte était très sage et très politique. Il savait que depuis M. Plessis surtout, le clergé avait séparé la cause de la religion de celle de la politique, et que s’il rassurait l’autel, il pourrait faire ensuite tout ce qu’il voudrait sans que le clergé cessât de prêcher l’obéissance au pouvoir de la couronne quel qu’il fut. Lord Durham était trop éclairé pour négliger une pareille influence.

Une chose qui devait devenir extrêmement embarrassante pour son administration, extrêmement irritante pour le public, c’était le procès de ceux qui se trouvaient impliqués dans nos troubles récens. Les procès politiques sont toujours vus d’un mauvais œil par le peuple, et les gouvernemens n’en sortent presque jamais sans y laisser une partie de leur popularité et quelque fois de leur force. Lord Durham pensant qu’il ne pourrait obtenir de jurés qui voulussent condamner les accusés, à moins de les choisir parmi leurs adversaires politiques, résolut d’adopter une