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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/300

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HISTOIRE DU CANADA

seurs du territoire, de reconnaître les lois existantes et de conserver les institutions établies, de ne donner aucun encouragement à l’émigration du peuple conquérant, et sans entreprendre de changemens dans les élémens de la société, d’incorporer simplement la province sous l’autorité générale du gouvernement central. Le second est de traiter le pays conquis comme s’il était ouvert aux vainqueurs, d’encourager leur émigration, de regarder les anciens habitans comme entièrement subordonnés et de s’efforcer aussi promptement que possible d’assimiler leur caractère et leurs institutions à ceux de la grande masse de l’empire. » Dans un vieux pays on doit suivre le premier ; dans un nouveau, le second.

Malheureusement la révolution américaine avait empêché l’Angleterre de suivre celui-ci en Canada, où la nationalité des habitants avait été conservée comme moyen d’une séparation perpétuelle, et complète avec leurs voisins.[1] Aujourd’hui que les choses sont changées et qu’on n’a plus besoin d’eux, l’on peut revenir au premier. Tel est le raisonnement non pas écrit, mais impliqué du représentant de l’Angleterre à notre égard dans le rapport qu’il fait à l’Angleterre.

Quant à la véritable cause de dissensions entre le gouvernement et la chambre d’assemblée, il justifie complètement celle-ci, en attribuant le refus d’une liste civile à sa détermination de ne pas renoncer au seul moyen de soumettre les fonctionnaires du gouvernement à quelque responsabilité. « C’était une vaine illusion, dit-il, de s’imaginer que de simples restrictions dans la constitution ou un système exclusif de gouvernement, induiraient un corps fort de la conscience qu’il avait avec lui l’opinion de la majorité à regarder certaines parties du revenu public comme hors de son contrôle, et à se restreindre à la simple fonction de faire des lois en restant spectateur passif ou indifférent pendant qu’on exécuterait ou qu’on éluderait ces lois et que des hommes dont les intentions ou la capacité desquels il n’avait pas la plus légère confiance conduiraient les affaires du pays. L’assemblée pouvait passer ou rejeter des lois, accorder ou refuser les subsides, mais elle n’avait aucune influence sur la nomination d’un seul serviteur de la couronne. Le conseil exécutif, les officiers

  1. Dépêche de lord Bathurst à sir J.E. Sherbrooke, 1 juillet 1816.