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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/301

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HISTOIRE DU CANADA

judiciaires, tous les chefs de département étaient nommés sans aucun égard pour les vœux du peuple ou de ses représentans, et il ne manquait pas même d’exemples que la simple hostilité à la chambre d’assemblée fit élever les personnes les plus incompétentes aux postes l’honneur et de confiance. » C’était ainsi que les gouverneurs venaient en lutte avec les représentans, que ses conseillers regardaient comme leurs ennemis. Du reste l’entière séparation des pouvoirs législatif et exécutif est l’erreur naturelle des gouvernemens qui veulent s’affranchir du contrôle des institutions représentatives. « Depuis le commencement donc, continuait-il, jusqu’à la fin des querelles qui signalent toute l’histoire parlementaire du Bas-Canada, je regarde la conduite de l’assemblée comme une guerre constante avec l’exécutif pour obtenir les pouvoirs inhérens à un corps représentatif d’après la nature même du gouvernement représentatif. »

Lord Durham ne pouvait justifier en termes plus forts la conduite de la chambre d’assemblée, et cependant après l’avoir justifiée il s’appuie de cette même conduite pour recommander l’union des deux Canadas, parce que le seul pouvoir qui puisse arrêter d’abord la désaffection actuelle et effacer plus tard les Canadiens-français, c’est celui d’une majorité loyale et anglaise.

Il serait bien pour l’union de toutes les provinces de l’Amérique du Nord ; mais cette union nécessiterait une centralisation qui répugne à l’esprit des populations du Nouveau-Monde. D’ailleurs il faudrait pour satisfaire ces populations, conserver les assemblées provinciales avec des pouvoirs municipaux seulement, ou encore mieux des assemblées de districts ou d’arrondissemens plus petits. Il recommanderait bien sans hésiter l’union législative de toutes ces provinces s’il s’élevait des difficultés dans les provinces inférieures, ou si le temps permettait de les consulter avant de régler la question des deux Canadas ; mais si elles se remuent plus tard on pourra les noyer dans une union qui les mettra en minorité. En attendant il recommande l’union des deux Canadas seuls, en donnant à chacun le même nombre de membres, des municipalités électives pour les affaires locales, un conseil législatif mieux composé, un bon système d’administration pour les terres, l’abandon de tous les revenus de la couronne moins celui des terres à la législature pour une liste civile suffi-