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HISTOIRE DU CANADA

sante, la responsabilité de tous les officiers du gouvernement à la législature excepté le gouverneur et son secrétaire, l’indépendance des juges, et enfin des ministres responsables placés à la tête des différens départemens de l’exécutif et tenus de commander la majorité dans les chambres.

Tel est le plan auquel Lord Durham s’est arrêté, et qu’il soumet à la métropole comme le plus propre entre tous ceux qu’on lui a suggérés pour rétablir l’ordre, l’harmonie et la paix. Il y en a qui voulait frapper les Canadiens en masse d’ostracisme, et les priver comme Français du droit de vote et d’éligibilité. D’autres proposaient une union législative des deux Canadas ou de toutes les provinces avec une seule législature, en diminuant le nombre des membres canadiens à un chiffre nominal. D’autres encore proposaient une union fédérale. Lord Durham dit qu’à son arrivée à Québec il penchait fortement en faveur de ce dernier plan, et que ce fut avec ce projet en vue qu’il discuta une mesure qui embrassait toutes les colonies avec les députations des provinces inférieures, avec les corps publics et avec les hommes marquans du Canada, qu’il avait mandés à Québec ; que tout en conciliant les Français du Bas-Canada en leur laissant le gouvernement de leur propre province et leur propre législation intérieure, il aurait assuré la protection des intérêts britanniques au moyen du gouvernement général, et la transition graduelle de toutes les provinces en une seule société homogène ; mais qu’après quelque séjour dans le pays et la consultation du parti anglais il avait été obligé de changer d’opinion et de croire que l’époque de l’anglification graduelle était passée.

Ses recommandations furent adoptées par les ministres. L’association coloniale de Londres n’était pas satisfaite cependant du sacrifice des Canadiens. Elle voulait les priver de tout droit politique en leur ôtant jusqu’à celui de voter aux élections, et s’opposait au système responsable. Mais Lord Durham et les ministres repoussèrent ces prétentions, et Lord Melbourne présenta au parlement le 4 mai 1839, un message de la reine pour recommander l’union. Cette mesure fut retardée par la résignation du ministère à l’occasion d’une loi qui concernait la Jamaïque, au sujet de laquelle il s’était trouvé dans une majorité si faible qu’il n’osa plus compter sur l’appui des chambres.