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HISTOIRE DU CANADA

est le comté des Deux-Montagnes. Eh bien ! ce comté se trouvait justement sous le rapport de la violence des luttes électorales dans le même cas que les environs de la rivière Richelieu. Il y a, et il y a eu une certaine partie de la population anglaise, principalement à Montréal et dans les environs, à laquelle tous les hommes libéraux et indépendans ne peuvent qu’être hostiles, et dont les actes et la conduite ont été caractérisés par un esprit de domination au préjudice de toute la population d’origine française ; elle a toujours aspiré à posséder la domination et le patronage du pays. C’est à elle qu’il faut principalement attribuer les troubles et les animosités qui viennent d’avoir lieu. À l’appui de ce que j’avance, je n’ai qu’à rappeler à vos seigneuries une de ses premières démarches peu de temps après mon arrivée en Canada. À une assemblée qu’elle avait convoquée, il fut résolu de lever un corps militaire sous le nom de British Rifle Legion, ou quelque nom semblable, et une de ses règles était que les membres de ce corps éliraient leurs officiers. Je pris la première occasion de faire, d’une manière amicale, des remontrances contre un pareil procédé ; mais ce fut en vain. Je fus obligé de les abattre par une proclamation, après m’être assuré, en consultant les hommes de loi de la couronne, que leur conduite était illégale et inconstitutionnelle. Une section intéressée et violente du parti mercantile voulait en persévérant dans ses fausses représentations, faire appuyer ses desseins par ses amis en Angleterre ; et ce sont ces fausses représentations, ainsi répandues, qui ont amené les maux qui sont malheureusement arrivés. Tant qu’on encouragera ce parti ou qu’on l’appuyera en aucune façon, la méfiance et le mécontentement régneront. Je suis heureux cependant de pouvoir dire que ces remarques ne s’appliquent qu’à une petite portion de la population britannique, fixée principalement aux environs de Montréal, et à quelques partisans à Québec. Bien des Anglais ont souvent, et dans les termes les plus énergiques, réprouvé la violence de ceux dont je parle. Il est aussi un fait curieux, c’est que lorsque les troubles éclatèrent aucune des populaces, car je puis presque les appeler ainsi, qui y ont pris part, n’était commandée par des Canadiens-français. À St.-Denis, c’était un Anglais, M. Wolfred Nelson ; à St.-Charles, un M. Brown, moitié Anglais, moitié citoyen américain ; à St.-