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HISTOIRE DU CANADA

Québec ne peut rien pour dompter l’énergie productive des enfans du St.-Laurent. C’est au milieu des frimas qui emprisonnent les ondes qu’ils construisent ces nombreux vaisseaux qui doivent sillonner les mers du globe, et qu’ils préparent ces bois qui doivent servir à abriter les peuples de l’Europe et des tropiques. 2090 ouvriers construisirent à Québec seul dans l’hiver de 1840, 33 navires jaugeant ensemble 18,000 tonneaux ; et 1175 navires jaugeant 384,000 tonneaux venant d’Europe et d’ailleurs, étaient arrivés dans le cours de l’été précédent dans le port de cette ville commerçante.

Enfin en 1840, la totalité du revenu du Bas-Canada monta à £184,000, et la dépense à £143,000. Aujourd’hui à l’aide de quelques modifications dans nos lois fiscales, le revenu des deux Canadas unis a presque triplé ; il excède £800,000.

Nous allons terminer ici notre récit. L’union des deux Canadas doit former une des grandes époques de nos annales coloniales. Nous l’avons peut-être amené trop près des temps présens ; mais nous y avons été forcé par l’enchainement des événemens, qui seraient restés sans signification bien précise sans la conclusion qui nous les explique en expliquant la pensée de la métropole. Si en retraçant ces événemens, nous avons pu blesser les susceptibilités des hommes, des races, du pouvoir ou des partis qui ont exercé de l’influence sur notre patrie, nous dirons comme M. Thiers, nous l’avons fait sans haine, plaignant l’erreur, révérant la vertu, admirant la grandeur, tâchant de saisir les profonds desseins de la providence dans le sort qu’elle nous réserve, et les respectant dès que nous croyons les avoir saisis.

CONCLUSION

Nous avons donné l’histoire de quelques émigrans français venus pour fixer les destinées de leur postérité à l’extrémité septentrionale de l’Amérique du Nord. Détachés comme quelques feuilles d’un arbre, le vent les a jetés dans un monde nouveau pour être battus de mille tempêtes, tempêtes de la barbarie, tempêtes de l’avidité du négoce, tempêtes de la décadence d’une ancienne monarchie, tempêtes de la conquête étrangère. À peine quelques milles âmes lorsque ce dernier désastre leur est arrivé, ils