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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/7

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HISTOIRE DU CANADA.

Anglais opposèrent successivement à ce candidat M. Grant, M. McGill et un M. Jordan, trois hommes que rien ne recommandait à ce poste élevé que leurs heureuses spéculations dans le commerce. Ils espéraient par cette persévérance intimider leurs adversaires nouveaux dans les luttes parlementaires, et qu’ils taxaient déjà de factieux dès qu’ils osaient manifester une opinion indépendante. Les débats qui furent très animés, se prolongèrent longtemps et annoncèrent une session orageuse. McGill qui avait proposé Grant et qui était lui-même proposé par un autre, déclara pour raison de son opposition à M. Panet, que le président devait connaître les deux langues et surtout la langue anglaise. On lui répondit que ce candidat entendait assez cette langue pour la conduite des affaires publiques. Un autre membre, M. Richardson, avança que les Canadiens étaient tenus par tous les motifs d’intérêt et de reconnaissance d’adopter la langue de la métropole, et soutint sa proposition avec tant d’apparence de conviction qu’il acquit M. P. L. Panet à son parti. « Le pays n’était-il pas une dépendance britannique demanda ce représentant ? la langue anglaise n’était-elle pas celle du souverain et de la législature ? Ne devait-on pas conclure de là que, puisque l’on parlait anglais à Londres, l’on devait le parler à Québec. » Ce raisonnement qui paraissait plus servile que logique ne convainquit personne. La discussion sur un pareil sujet était de nature à exciter les passions les plus haineuses. « Est-ce parce que le Canada fait partie de l’empire britannique, s’écria M. Papineau dont la parole avait d’autant plus de poids qu’il s’était distingué par son zèle et sa fidélité durant la révolution américaine, est-ce parce que les Canadiens ne savent pas la langue des habitans des bords de la Tamise qu’ils doivent être privés de leurs droits ? » Cette apostrophe suivie d’un discours plein de force et de logique déconcerta l’opposition, dont les faits cités ensuite par MM. Bedard, de Bonne et J. A. Panet achevèrent la défaite. Ce dernier rappela que dans les îles de la Manche comme Jersey et Guernesey, l’on parlait le français ; que ces îles étaient attachées à l’Angleterre depuis Guillaume le conquérant, et que jamais population n’avait montré plus de fidélité à l’Angleterre que celle qui les habitait.» Il aurait pu ajouter encore que pendant plus de trois siècles après la conquête normande, la cour, l’église