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HISTOIRE DU CANADA

en appela à leurs institutions et à leurs autels pour exciter leur zèle, et cet appel du représentant de l’Angleterre à la défense de son empire au cri si saint pour eux de leur religion et de leurs lois, était un engagement d’honneur d’autant plus sacré qu’il était pris au moment du danger.

Les Canadiens ne demandèrent pas d’autre garantie, pour courir aux armes. Ce que sir George Prevost donna à entendre à leurs représentans et à leur clergé, fut interprété de la manière la plus généreuse ; tout le monde songea à faire son devoir, et l’ennemi put se convaincre que la défection qu’il attendait ne se réaliserait point.

Le gouverneur dirigea les troupes vers les frontières et confia la garde de Québec, la clef du pays, aux milices représentées peu de temps auparavant comme rebelles ou comme animées de dispositions fort suspectes. Les patriotes Bedard et autres furent rétablis dans leur grade militaire avec ostentation par un ordre du jour.

Dans le mois de mars, le président des États-Unis avait envoyé un message à la chambre des représentans pour l’informer que, pendant que le gouvernement américain était en paix avec la Grande-Bretagne, cette puissance avait employé un agent secret pour parcourir les divers états de l’Union, surtout le Massachusetts, y fomenter la désobéissance aux autorités établies, intriguer avec les mécontens, exciter à la révolte, détruire éventuellement la confédération et en détacher avec l’aide de ses soldats les états de l’Ouest.

Ce message extraordinaire fit la plus grande sensation. L’espion était un Irlandais, nommé John Henry, ancien capitaine dans l’armée américaine, et qui résidait à Montréal depuis 1806 en qualité d’étudiant en droit. Par une lettre de M. Ryland, secrétaire de sir James Craig, Henry qui avait déjà été employé dans quelque mission secrète à la satisfaction du secrétaire d’état à Londres, à qui on avait transmis ses rapports, était prié de se charger d’une nouvelle mission confidentielle aux États-Unis, pour laquelle le gouverneur lui fournirait un chiffre de correspondance. Il devait lui faire parvenir les vues du parti dominant dans les divers états de la république, et mettre les mécontens qui désiraient s’en détacher en communication avec le gouvernement