Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
HISTOIRE DU CANADA

Enfants de la même famille, héritiers du même héritage, vous devez bien accueillir une armée d’amis. »

Cette proclamation qui n’était pas rédigée sans quelque adresse, ne fut point soutenue par des opérations militaires qui répondissent au talent que pouvait promettre sa rédaction. Le général Hull fut écrasé sous le poids de son commandement. Après être resté près d’un mois sans rien entreprendre, il rentra dans son pays. Plusieurs de ses détachemens avaient été défaits par des partis de nos soldats et par les Indiens. Le lieutenant Rolette, commandant le brig armé le Hunter, avait abordé à la tête de six hommes seulement et pris un navire américain chargé de troupes et de bagages. Le capitaine Talion, détaché par le Colonel Proctor, avait rencontré au-dessous du Détroit, le major Vanhorne, l’avait battu et lui avait enlevé des dépêches importantes. Dans les autres parties du pays les affaires n’allaient guère mieux pour les ennemis. Le capitaine Roberts, de St.-Joseph, dans une petite île du lac Huron, avait reçu du général Brock en son temps, la nouvelle de la déclaration de guerre et l’ordre de tâcher de surprendre Mackinac, poste dont il s’empara sans coup férir à l’aide d’une trentaine de soldats soutenus par M. Pothier et ses voyageurs canadiens ; c’était l’un des plus forts des États-Unis. Cette conquête eut un grand retentissement parmi les tribus indiennes de ces contrées, qu’elle rallia presque totalement à la cause de l’Angleterre, et fut le prélude des revers de Hull.

Cependant le gouverneur du Haut-Canada, le général Brock, avait pris ses mesures dès les premières hostilités pour repousser toute invasion. Ayant rassemblé ses forces, il traversa le fleuve et parut tout-à-coup avec 13 à 14 cents hommes dont 600 Sauvages, devant le fort du Détroit où s’était retiré le général Hull. Le commandant américain intimidé et hors de lui-même se rendit prisonnier sans coup-férir, avec son armée, à l’exception des milices et des volontaires de l’Ohio et du Michigan qui eurent la liberté de s’en retourner chez eux après s’être engagés à ne point servir pendant cette guerre. Le fort du Détroit et le vaste territoire du Michigan tombèrent ainsi au pouvoir des vainqueurs, qui firent un butin considérable.

Les troupes américaines furent envoyées dans le Bas-Canada,