Aller au contenu

Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
HISTOIRE DU CANADA

tice et le 28 novembre de grand matin, il se mit en mouvement. La première division de ses troupes traversa le fleuve et mit pied à terre à la tête de la Grande-Île entre le fort Érié et Chippawa, où elle prit ou mit en fuite quelques soldats qui s’y trouvaient, tandis que le major Ormsley, sorti du fort Érié, faisait de son côté quelques prisonniers américains qui descendaient le long du rivage. La seconde division s’ébranla pour débarquer deux milles plus bas. Les forces anglaises du voisinage étaient maintenant sur l’alerte. Le colonel Bishop sorti de Chippawa avait formé sa jonction avec le major Ormsley, et se trouvait à la tête de onze cents hommes, tant réguliers, miliciens que Sauvages et une pièce de canon, quand les Américains se présentèrent pour débarquer. Le feu très vif qu’il ouvrit sur eux du rivage, brisa deux de leurs berges, jeta les autres en désordre et les obligea de se retirer au plus vite. Le 1 décembre, ils firent mine de renouveler leur tentative, et les troupes même s’embarquèrent pour traverser le fleuve, mais elles reçurent contre ordre et furent remises à terre pour prendre leurs quartiers d’hiver. Ces échecs humilièrent beaucoup les Américains, qui murmurèrent tout haut contre leur chef, et le forcèrent à prendre la fuite pour se dérober à leur indignation.

Ainsi se terminèrent les opérations des armées de l’ouest et du centre. Elles avaient été repoussées partout dans leurs attaques. Les tentatives de celle du nord n’avaient pas été plus vigoureuses ni plus heureuses, quoiqu’elle fût la plus forte et qu’elle parût destinée à porter les plus grands coups.

Elle s’élevait à dix mille hommes stationnés sur le lac Champlain en face. Le général Dearborn la commandait. Après avoir eu quelque temps son quartier général à Albany, il le rapprocha de la frontière, menaçant de marcher sur Montréal par la route de St.-Jean et d’Odelltown.

Le commandant de cette frontière plaça un cordon de voltigeurs et de milice depuis Yamaska jusqu’à St.-Régis, point où la limite qui sépare les deux pays aboutit au St.-Laurent. Un corps d’élite composé de réguliers et de milices sous les ordres du colonel Young fut stationné à Blairfindie ; et la route de là à la frontière passant par Burtonville et Odelltown, fut coupée et embarrassée par des abattis d’arbres pour empêcher toute surprise. Ce