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HISTOIRE DU CANADA

de 44 canons, força la frégate la Macédonienne d’amener son pavillon après une lutte acharnée de près de deux heures et plus tard la Constitution obtint une seconde victoire en capturant, devant San Salvador, sur les côtes du Brésil, la frégate la Java, après lui avoir tué et blessé près de 200 hommes, tandis qu’elle n’en perdait que 34. Ces diverses victoires navales enorgueillirent les États-Unis et leur firent oublier les petits échecs qu’ils avaient éprouvés sur terre. Ils avaient en effet raison d’être contens de leur marine, car la cause de ses succès était fort importante. C’était moins par le courage que par la supériorité de construction et d’armement de leurs vaisseaux qu’ils avaient triomphé. Leurs frégates moins hautes au-dessus de l’eau offraient par là même moins de prise aux coups ; leurs batteries comptaient moins de bouches à feu mais elles étaient formées de pièces d’un plus gros calibre et d’une plus grande portée ; de sorte qu’une frégate américaine de 32 canons lançait plus de métal qu’une frégate anglaise de 40 ; de là la cause de leurs victoires, dont ils avaient d’autant plus raison d’être fiers qu’elles étaient dues à leur intelligence. La Grande-Bretagne toutefois trop occupée avec le reste de l’Europe dans la guerre contre Napoléon, faisait peu de cas des combats individuels et isolés des vaisseaux de la république, et voyant que ses armes maintenaient son empire en Canada et qu’il ne s’y était rien passé de bien inquiétant pour elle, elle donna ses ordres pour nous envoyer quelques secours et reporta ses regards vers l’Espagne et vers la Russie, où la grandeur des événemens qui s’y passaient jetait complètement dans l’ombre ceux de l’Amérique.

Le résultat de la campagne et le zèle qu’avaient montré les populations canadiennes justifiaient la politique de sir George Prevost. Les Canadiens, que leurs ennemis avaient accusés sans cesse de nourrir des projets de rébellion, venaient de donner un démenti éclatant à leurs accusateurs trop favorisés dans tous les temps par les préjugés nationaux.

Sir George en assemblant les chambres le 29 décembre, leur dit que suivant les pouvoirs que lui avait confiés la législature, il avait appelé la milice sous les armes, et qu’il avait vu avec la plus vive satisfaction l’esprit public, l’ordre, la fermeté et cet amour de son pays, de sa religion et de ses lois qu’elle avait mon-