Cette tendance se manifeste encore dans le pétiole du Lathyrus articulatus, celui du Desmodium triquetrum et un grand nombre de plantes où le limbe avorte en partie, et se métamorphose plus ou moins, tels que les Bupleurum, les Acacia de la Nouvelle-Hollande, etc. Quelques botanistes ont été même jusqu’à considérer comme des phyllodes les feuilles du Ranunculus lingua.
M. Brongniart a fait voir (Ann. des sc. nat., 2e série, t. 1, p. 65) que dans les plantes aériennes l’épiderme des feuilles se compose d’une couche celluleuse et d’une pellicule simple, percées de stomates ; tandis que la pellicule existe seule sur les plantes submergées qui ne présentent d’ailleurs jamais de stomates.
Il n’est pas de plante qui démontre mieux cette vérité que le Lotus corruculatus ; velu, petit, rabougri sur les coteaux arides ; il s’élève tellement dans les bois humides qu’on l’a pris pour une espèce nouvelle (L. altissimus, Thuillier) ; enfin, il devient charnu et succulent dans les localités salines, les bords de la mer, par exemple. Le Cerastium alpinum des flores françaises n’est que le Cerastium arvense modifié par l’influence de la hauteur ; car on trouve tous les passages intermédiaires entre ces deux prétendues espèces.
On peut citer beaucoup de faits à l’appui de cette vérité. M. de Tschudy a forcé un pied de melon à porter des fruits, soit en lui retranchant quelques racines, soit en le privant d’une partie de la sève descendante par l’enlèvement d’un anneau