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Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/215

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Ils lui frottèrent l'oreille avec une herbe et il éternua fortement par devant et par derrière. Et ils dirent ensemble: «Il faudra le frotter d'onguent et le baigner. «C'est ainsi qu'ils rassurèrent la famille du loup plongée dans la tristesse. On le mit au lit; il s'endormit, mais pas pour longtemps. Il s'éveilla, les idées encore confuses, et l'inquiétude le prit; la honte, les douleurs l'assaillirent. Il se lamenta à haute voix et parut désespéré. Girmonde le veillait attentivement, le cœur plein de tristesse, songeant à tout ce qu'elle avait perdu; elle était debout, accablée de mille douleurs, et pleurait sur elle, sur ses enfants, sur ses amis en voyant son mari si souffrant: le malheureux ne put pas se contenir; il devint furieux de douleur; ses souffrances étaient grandes et les suites bien tristes. Pour Reineke, il se trouvait on ne peut mieux; il causait gaiement avec ses amis et entendait retentir ses louanges tout partout; il partit fièrement. Le roi lui donna gracieusement une escorte et le congédia avec ces paroles affectueuses: «À bientôt!» Le renard s'agenouilla devant le trône en disant: «Je vous remercie de tout mon cœur, vous, sire, notre gracieuse reine, le conseil du roi et tous ces seigneurs. Que Dieu vous réserve, sire, toutes sortes d'honneurs! Je ferai votre volonté; je vous aime certainement, et en cela je ne fais que mon devoir. Maintenant, si vous voulez bien le permettre, je vais retourner chez moi pour voir ma femme et mes enfants, qui attendent dans les larmes.

— Allez-y, répondit le roi, et ne craignez plus rien.» C'est ainsi que partit Reineke, favorisé comme personne. Il y en a bien de son espèce qui ont le même talent. Ils n'ont pas tous la barbe rouge, mais ils n'en sont pas moins à leur aise.