Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/43

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nouvelles de « son actrice » ; et l’autre, par dépit, disait que dans le petit doigt d’une comédienne il y avait plus d’esprit que dans tous les paniers de qualité. « Mon perroquet aussi, — répondait Mme de Brancas , — est un garçon bien spirituel de mémoire ; je veux un de ces jours lui apprendre à lire ; il me répétera tout Regnard, tout Molière et tout Dufresny. » Et la querelle s'échauffant, M. de Brancas s’oubliait jusqu’à rompre avec colère : « Ne vous y frottez pas ; votre rivale n’a pas besoin de vos livres pour être ce qu’elle est : vous n’oseriez grouiller en sa présence ; et des miettes échappées de sa table on pourra faire un jour des livres pleins d’esprit [1] . »

Mais que ces ennuis, — ces remords peut-être, — s’envolaient vite aux baisers de Sophie !

VII


Le geste formé par Mlle Clairon, la voix par Mlle Fel, Sophie Arnould avait débuté le 15 décembre 1757. Elle avait débuté dans le divertissement du ballet des Amours des Dieux par un air détaché qui commence ainsi : « Charmant Amour… » Depuis on lui avait souvent entendu

  1. Ici s’arrêtent les mémoires inédits de Sophie Arnould.