Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/44

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dire que cette « invocation lui avait porté bonheur ». Ce début avait été un triomphe et, devant la foule assiégeant l’Opéra, Fréron avait pu dire : « Je doute que l'on se donne autant de peine pour entrer en Paradis. »

Le Mercure n’est que le faible écho de l’enthousiasme du public, lorsqu’il s’exprime ainsi sur la continuation des débuts de la chanteuse, pendant l’année 1758 :

« Mlle Arnould continue son début dans les Amours des Dieux avec le succès le plus grand et le plus mérité. Elle attire la foule au point que le jeudi est devenu le jour brillant de l’Opéra et qu’il efface le vendredi. Le second air qu’elle chante a mieux développé l’étendue de son talent. Elle rassemble en elle les grâces de la figure, la beauté de l’organe, la chaleur du sentiment. Elle est pleine d’expression et d’âme. Sa voix est mieux que tendre, elle est passionnée. Ses sons animés portent la flamme dans le cœur le plus froid. En un mot, elle a reçu tous les dons de la nature, et, pour les perfectionner, elle reçoit tous les secours de l’art.[1] »

Sur ce succès du jeudi, le Mercure disait en février 1758 : « L’affluence que Mme Arnould attire constamment a rendu ce jour-là célèbre (le jour ou Ton donnait les Amours des Dieux).

  1. Mercure, janvier 1758.