Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/58

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XIII


Le 30 janvier 1762, M. Bertin, qui avait commencé à aller à petit bruit chez Mlle Arnould, et dont Paris ne soupçonnait guère la liaison avec l’actrice que par la commande d’un certain carrosse chez Antéchrist, le célèbre sellier, ce 30 janvier 1762, le trésorier des parties casuelles avouait officiellement Sophie Arnould pour sa maîtresse en donnant à souper chez elle à MM. Begon et de Villemur. Mais le financier, déjà si malheureux en amour, ne parvenait pas à remplir ce cœur qui avait appartenu un moment tout entier au brillant Dorval, à Lauraguais. Et presque aussitôt M. Bertin était trompé par M. de Monville, grand maître des Eaux et Forets, qui était trompé par bien d’autres[1] .

Sophie eut même, en ces années, ainsi que

  1. Et les passades de Sophie continuaient les années suivantes. Dans les Souvenirs et Mélanges de L. de Rochefort, Paris (1825), un livre rare, qui le premier dans ce siècle donna des extraits des rapports galants de police, on trouve à la date du 30 mars 1764 : « La Dlle Arnould, de l’Opéra, en attendant qu’elle puisse goûter tranquillement les fruits de sa prétendue passion pour M. de Lauraguais, s’exerce tant qu’elle peut, et elle profite bien des ménagements que ce seigneur est aujourd’hui forcé de garder avec sa famille. Le prince de Conti en use quelquefois et M. de Chamborand, colonel d’un régiment de hussards, est chargé de la tenir en haleine ; certainement elle ne pouvait mieux s’adresser, car il a bien l’air d’un payeur d’arrérages. »